Crise de gouvernance au Mercosur autour de la présidence tournante du Venezuela

L’institution qui regroupe l'Argentine, le Brésil, le Paraguay, l'Uruguay et le Venezuela, n’a plus de président depuis lundi 1er août. L’Uruguay a mis fin à ses six mois de mandat et, conformément à l'ordre alphabétique, il revenait au Venezuela de prendre le relais. Mais depuis quelques semaines, le Paraguay notamment, mais aussi l’Argentine et le Brésil, s’y opposent, en raison, avancent-ils, des violations réitérées des droits de l’homme qui ont lieu dans ce pays.

Vendredi 29 juillet, l’Uruguay a mis un terme à sa période de six mois de présidence de l’organisation économique régionale créée en 1991, et qui regroupe les pays du cône sud du continent sud-américain. Mais cette fois-ci, Montevideo n'a pas passé le flambeau au pays suivant comme il est coutume de le faire.

C’est le Venezuela qui devait prendre la relève. Mais le ministre paraguayen des Affaires étrangères a expliqué à RFI hier, lundi 1er août, les réserves de certaines capitales. « Le pays qui préside le Mercosur doit représenter tous ses Etats membres. Pour ce faire, le Venezuela devrait devenir un membre de plein droit du Mercosur, en adoptant quelques traités qu’il n’a pas encore signés, comme celui d’Asuncion, sur le respect des droits de l'homme »,explique Eladio Loizaga.

Et le ministre des Affaires étrangères du Paraguay d'ajouter : « Ce point est essentiel pour nous, le respect des droits de l'homme. Par exemple, on ne peut pas faire de procès à des membres de l’opposition pour les faire taire... La liberté d’expression est fondamentale, et elle ne peut être mise en cause que dans certains cas très précis, qui touchent plutôt au droit pénal. »

Le chef de la diplomatie paraguayenne rappelle également que lors du dernier sommet du Mercosur, en décembre 2015, les présidents avaient appelé les pays encore non signataires à ratifier les textes du traité.

Des motifs rejetés par la ministre vénézuélienne des Affaires étrangères, Delcy Rodriguez : « Il n’existe aucun motif juridique pour empêcher le Venezuela d’assumer la présidence », a assuré la numéro un de la diplomatie vénézuélienne. Son pays, le dernier à avoir intégré l’organisation régionale en 2012, veut en effet assumer la présidence malgré les protestations de l’Argentine, du Brésil et du Paraguay.

A l'époque, le Paraguay avait déjà renâclé à l'entrée dans le Mercosur du Venezuela. « C’est la Triple-Alliance qui prétend relancer un plan Condor contre la révolution bolivarienne », assène Delcy Rodriguez, en référence au système répressif organisé mis en place par les dictatures militaires du cône sud dans les années 1970 et 1980. L'Argentine a proposé une réunion de conciliation, un rendez-vous rejeté par Caracas.

Partager :