Le 26 septembre, l’accord avait été signé en grande pompe dans la ville de Carthagène des Indes, sur fond d’Hymne à la joie de Beethoven. Demain jeudi, la cérémonie sera modeste car l’apparat et l’enthousiasme manquent à l’appel. La victoire inattendue du non au référendum du 2 octobre a bouleversé la donne, rappelle notre correspondante à Bogota, Marie-Eve Detœuf.
Le nouvel accord a été négocié entre le gouvernement et les FARC pour intégrer les critiques formulées par les partisans du non dont la figure de proue est l’ex-président Alvaro Uribe. Les FARC ont cédé sur presque tout, sauf sur la participation politique des guérilleros démobilisés. Le gouvernement rappelle qu’elle est cœur de tout processus de paix. Mais les partisans d'Alvaro Uribe ne décolèrent pas, considèrant que le nouvel accord ne change rien.
L'accord ratifié par le Congrès
L'hostilité de cette droite dure est d’autant plus vive que le nouveau document sera ratifié par le Congrès. Le président Santos l’a annoncé mardi : il ne veut pas prendre le risque d’un nouveau référendum qui « polariserait le pays » alors que Alvaro Uribe lui appelle à une nouvelle ratification populaire.
Pour le président colombien, il faut aller vite. « Des vies ont été perdues, et beaucoup sont en danger, martelé Juan Manuel Santos. Nous ne pourrions pas nous pardonner de ne pas avoir agi rapidement et fermement pour corriger cette situation. Nous devons agir. Il n'y a pas de temps à perdre. C'est pour cela que ce jeudi, nous allons signer ce nouvel accord ici à Bogota, au Théâtre Colon. Une fois signé ce nouvel accord, il restera à régler les questions de mise en oeuvre et de ratification. Il est clair que la voie la meilleure et la plus légitime pour ratifier ce nouvel accord est de le faire par le Congrès de la République où sont représentées toutes les visions et positions politiques de notre pays, depuis l'extrême gauche jusqu'à l'extrême droite. Et c'est dans cette direction que je vais procéder ».
Rappelons que deux guérilleros sont morts la semaine dernière, au cours d’un incident confus, et que des responsables syndicaux paysans ont été assassinés également ces jours derniers alors que les paramilitaires des AUC font remonter la pression. Le cessez-le-feu est fragile, la paix n’attend pas mais elle démarre sans consensus.