Avec notre correspondante à Pékin, Heike Schmidt
Devant l’ambassade américaine, Li, 26 ans, attend son tour pour demander un visa. Elle aime et connaît les Etats-Unis, mais le scrutin présidentiel, dit-elle, n’est pas un modèle à suivre : « Cette élection n’est qu’une bataille entre groupes d’intérêts. Les citoyens ont le droit de vote, tout semble démocratique, mais ce n’est que de façade. Les discours des candidats ne sont ni sérieux, ni solennels. Il n’y a que des attaques personnelles. »
Les tirades du républicain Donald Trump contre la Chine, qu’il accuse de voler les emplois des Américains, n’ont pas surpris la jeune femme: « Trump n’est pas le seul à le penser (rire). Les Américains trouvent qu’on piétine leurs intérêts. Ils sont convaincus de leur supériorité et se considèrent comme Numéro 1. Mais ils se sentent menacés par la puissance chinoise. »
Son voisin dans la file d’attente l’admet sans détour : il ne s’y intéresse pas. « Je ne connais même pas les noms des candidats. L’une est la femme de l’ex-président Clinton, mais l’autre je ne sais pas. »
En bout de file, un homme au regard fermé tire nerveusement sur sa cigarette, regarde à droite et à gauche avant de lancer à voix basse: « La démocratie aux Etats-Unis, c’est bien sûr mieux que le système dans lequel je vis. Pouvoir voter, c’est bien. »
Comme par hasard, c’est à cet instant qu’un policier stoppe net l’interview et exige nos papiers.