De notre correspondante, Marie-Eve Detoeuf
Les invités sont arrivés par grappes, en chaloupe ou en hors-bord. Ils sont plus de 300, qui ont navigué pendant des heures sous une pluie battante. Une invitation des FARC ne se refuse pas. Pour recevoir tout ce monde le temps d’une nuit, les guérilleros ont installés des baraquements de fortune dans la jungle.
D’un côté, il y a les Indiens dits Emberas, qui ne parlent pas espagnol et qui ne se mélangent pas. Il y a des paysans, des travailleurs, presque tous des Afros. Il y a les musiciens et les comédiens chargés d’animer la veillée. Il y a quelques journalistes. Et il y a les pasteurs évangéliques. Les prêtres catholiques, eux, n’ont pas reçu à temps l’invitation.
L’opération « portes ouvertes » des FARC visait d’abord les églises du pays. L’opposition des pasteurs et des curés à l’accord de paix semble avoir pesé dans le résultat du référendum. Et les FARC, marxistes et athées, veulent leur tendre la main. Le commandant Pablo Atrato s’en explique : « Si nous nous battons pour le bien-être du peuple, nous devons respecter ses croyances. » C’est dire si les FARC jouent l’ouverture !