Avec notre envoyé spécial à Namur, Quentin Dickinson
Entre les tenants du traité euro-canadien et les opposants à celui-ci, c'est d'emblée un dialogue de sourds. Les premiers parlent entreprises, exportations, investissements... Au besoin en forçant l'ironie, comme le député indépendant André-Pierre Puget. « Rien, rien de bon dans cet accord ! Je n'ai entendu que des critiques, que des drames annoncés ! Bref, l'Europe extra libérale imposant son modèle dictatorial à son peuple soumis à une puissance étrangère. Chers collègues, reprenons nos esprits, s'il vous plaît », exhorte-t-il.
Les anti-Ceta, eux, ont parfois du mal à s'extraire du registre de la salutaire méfiance vis-à-vis du capital. Frédéric Gillot, du Parti du travail, veut bien d'un traité « équitable, d'un traité qui remette l'homme au centre. D'un traité qui remette l'environnement, la société au centre, d'un traité qui ne vise pas uniquement le profit des multinationales. »
En réponse aux critiques, le ministre-président de la Wallonie, se situe lui aussi au niveau des grands principes. « La discussion que nous avons est dans le fond une discussion de principe, une discussion éminemment politique, et même à certains égards, une discussion philosophique sur ce que c'est que le commerce et sur la manière dont il faut le mener », estime-t-il.
Mais l'issue du vote ne fait aucun doute. Après trois défaillances successives du système de vote électronique, le président du Parlement est enfin en mesure de l'annoncer : « La motion recueille 46 oui, 16 non et une abstention. Elle est donc adoptée par notre Parlement de Wallonie. »
« Nous allons convaincre nos amis wallons »
Interrogé sur la décision du Parlement wallon de bloquer l'accord entre l'Union européenne et le Canada, Manuel Valls reste très optimiste sur l'avenir de cette entente, rapporte notre correspondante à Québec, Pascale Guéricolas. « Nous considérons que l’accord avec le Canada est ce qu’il se fait de mieux en matière d’accord commercial. Je pense qu’avec persuasion, dans le débat, nous allons convaincre nos amis wallons. Et nous allons tout faire – c’est notre rôle de leadership – pour aboutir à cet accord », assure-t-il.
Philippe Couillard, le Premier ministre québécois, se dit confiant quant à la prochaine signature de l'accord. Et ce, même si le ministre-président de la Wallonie, Paul Magnette, exige l'ajout d'une déclaration visant à mieux protéger les Etats des investisseurs étrangers. « Je ne pense pas qu’il soit question de rouvrir le texte de l’accord lui-même. On parle d’une déclaration interprétative et je crois comprendre des commentaires de M. Magnette qu’il souhaitait s’assurer que la déclaration ait autant de force que le traité lui-même. Je crois qu’il est possible de travailler dans cette direction », estime Philippe Couillard.
Les négociateurs canadiens semblent désormais à pied d'œuvre pour parvenir à respecter les échéances prévues pour la signature de l'accord mardi à Bruxelles.
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