Avec notre correspondante à Bogota, Marie-Eve Detoeuf
Ce mardi 11 octobre, les Colombiens sont venus s'installer en silence sur la place Bolivar. Pour Doris Salcedo, la victoire du « non » au référendum a été « le pire des deuils dans un pays qui en a connu beaucoup ». L'artiste a mobilisé les étudiants de Bogota pour peindre à la cendre le nom de centaines de victimes sur des grands morceaux de tissus blanc. Des centaines d'anonymes sont venus les coudre ensemble.
« J'aide ici à coudre la mémoire de mon pays. Nous devons en recoller les morceaux qui nous restent pour unir tout le monde et renaître comme une nation qui ne veut plus s'entretuer », estime une personne présente sur le lieu. Il a fallu sept kilomètres de tissu pour tapisser de blanc la place. Le soir même, l'œuvre de Doris été détruite pour laisser place aux manifestants bruyants.
Certains sont venus de loin, comme Rosario qui est indienne. « Nous manifestons parce que nous voulons que les accords qui ont été signés soient respectés. Nous, les victimes et les représentants des communautés ethniques, nous avons payé le prix fort de ce conflit et maintenant nous voulons la paix », explique-t-elle. Et la foule de répéter : « Nous voulons la paix ».