Nobel de la paix pour Santos: quid du processus de paix avec les FARC?

Juan Manuel Santos, le président colombien, a été récompensé ce vendredi 7 octobre par le prix Nobel de la paix pour les négociations de paix engagées avec la guérilla marxiste des FARC, la plus ancienne du continent latino-américain. Juan Manuel Santos voit dans cette récompense un grand encouragement et la dédie au peuple colombien. Selon lui, la paix est « très, très proche » mais l'accord, rejeté par une petite majorité d'électeurs lors du référendum du 2 octobre, suscite aussi une violente opposition chez certains Colombiens dont le chef de file est l'ancien président Uribe.

Il était encore très tôt en Colombie lorsque l'annonce du nom du lauréat du prix Nobel est tombée, 4 h du matin heure locale, rapporte notre correspondante, Marie-Eve Detoeuf. Toutes les radios ont immédiatement mis en place des émissions spéciales pour commenter ce prix Nobel.

L'évènement tombe dans une situation politique très complexe, puisque dimanche dernier, les électeurs ont refusé par une très courte majorité l’accord signé avec les FARC. Selon les résultats officiels du référendum, le « non » l’a emporté avec 50,21 % contre 49,78 % pour le « oui ».

De fait, ce prix est un ballon d'oxygène pour le chef de l'Etat. Même Alvaro Uribe, ex-président colombien qui a mené campagne pour le « non », a félicité sur Twitter ce vendredi son successeur, espérant cependant que le Nobel permette de changer des accords décrits comme « nocifs pour la démocratie ». Sur les réseaux sociaux, les opposants à l'accord espèrent en effet que ce prix Nobel va pousser les FARC à accepter de renégocier la paix.

Ni Santos ni Uribe n'ont de plan B

Ce prix Nobel va-t-il donc pousser les uns et les autres à trouver une issue à la crise politique créée par le rejet de l’accord de paix ? La situation est mouvante. Au soir de sa défaite électorale, Santos, très affaibli politiquement, avait appelé à un « grand dialogue national pour sauver la paix ». Mais d’aucuns considéraient que le président Santos qui, depuis six ans, a tout misé sur cet accord de paix avec la guérilla, était fini politiquement.

Depuis, l’ex-président Alvaro Uribe a néanmoins du mal à capitaliser sur sa victoire électorale. Personne ne veut voir la paix capoter définitivement, mais personne ne sait comment l’accord peut être renégocié, même pas Alvaro Uribe, qui avait fait de la renégociation du texte son cheval de bataille de la campagne du référendum. Le prix Nobel attribué à Santos conforte sa position, mais il n'est pas sûr qu'il permettre de sauver l'accord de paix.

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