De notre correspondant,
La grève illimitée des banques publiques et banques privées touche tout le Brésil. Le mouvement a commencé le 6 septembre, et n’a cessé de prendre de l’ampleur. Sur les 22 600 agences disséminées dans tout le Brésil, plus de la moitié sont actuellement fermées. Les grévistes réclament une augmentation de près de 15% - notamment pour compenser l'inflation qui atteint près de 9,5%. Ils demandent également de meilleures conditions de travail et la fin de quotas et d’objectifs qu’ils estiment inatteignables. Un long bras de fer est engagé. Les principales banques ont proposé un réajustement de 7% ainsi qu’une prime d’environ 1 000 euros. Une offre qu’ont refusée les grévistes.
De longues files d’attente pour payer ses factures
Les distributeurs de billets sont toujours alimentés et en fonctionnement. En revanche, au Brésil, on paie souvent ses factures au guichet de banque, ou à un distributeur de billets pour ceux qui n’ont pas de débit automatique sur leur compte bancaire. Alors ces dernières semaines, de très longues files d’attente se forment dès le matin, devant les distributeurs. Dans certains Etats, la justice a obligé les banques à maintenir ouvertes au moins 30% de leurs agences. La dernière grève massive des employés de banque date de l’année dernière, elle avait duré 3 semaines. L’accord pour y mettre fin prévoyait un réajustement des salaires de 10%. Mais avec la crise économique et l’inflation grandissante, les salaires ne suffisent plus à faire face au coût de la vie.
Le Brésil en récession
Le Brésil fait face à la pire récession de ces dernières décennies avec un chômage record, qui dépasse les 11,5 millions de chômeurs. Pourtant selon la confédération des travailleurs, qui participe au mouvement de grève, le profit accumulé des 5 principales banques du pays pour le premier semestre de cette année a dépassé les 8 milliards d’euros. Dans le même temps, il y aurait eu plus de 7 800 suppressions de poste. Les banques répliquent que leur profit au contraire s’est réduit de près de 10%, selon les calculs de la banque Itau. Car avec la crise économique, le surendettement, et le non-paiement des dettes a très fortement augmenté.
La défense des droits des travailleurs
Les employés de banque en grève n’ont visiblement pas l’intention de s’incliner. Ils se sont joints jeudi 22 septembre au mouvement de mobilisation nationale convoqué par plusieurs centrales syndicales. Plusieurs dizaines de milliers de Brésiliens ont défilé dans tout le pays pour protester contre les réformes des retraites et du droit du travail envisagé par le nouveau gouvernement du président Temer à l’origine de la destitution de Dilma Rousseff, le mouvement syndical est donc aussi politique et le bras de fer risque de durer.