Colombie: conférence des FARC pour valider l'accord de paix de La Havane

C'est une première en Colombie: ce samedi 17 septembre, à 7 heures locales a débuté la 10e conférence des FARC, dans la jungle au sud-est du pays. La guérilla a convoqué ce sommet auquel participent plus de 200 délégués et son état-major, avec la permission des autorités colombiennes. Pour la première histoire de leur histoire, les chefs des FARC ne se réunissent pas dans la clandestinité, mais en présence de 900 personnes, dont plus de 300 journalistes. Cette dixième et sans doute dernière conférence des Forces armées révolutionnaires de Colombie a pour objectif de faire accepter à ses délégués le contenu des accords de paix signés à La Havane le 24 août dernier, après quatre ans de négociations avec le gouvernement colombien.

Pour la première fois en plus de 50 années d'existence, le mouvement de guérilla discutera de la paix et non pas de stratégies de guerre. Ce vendredi, les préparatifs allaient bon train, pour finir de construire un bâtiment en briques avec un toit de branchages capable d'accueillir environ 900 personnes, à cinq heures de route de San Vicente del Caguan, bastion des FARC et lieu emblématique des accords de paix qui avaient échoué en 2002. Parmi eux, les délégués des FARC qui ont négocié à La Havane, les chefs des blocs des FARC disséminés sur le territoire et 24 guérilleros emprisonnés qui ont obtenu la permission d'y assister.

L'objectif des chefs des FARC est de faire accepter par l'instance de la dixième conférence les six accords de paix signés à La Havane. Même s'il y a des points de divergence, les accords de paix devraient être approuvés à une large majorité, estimait le porte-parole des FARC, Carlos Antonio Lozada. Cette réunion devrait marquer la fin de la guérilla des FARC en tant que groupe armé et sa transition vers un mouvement politique. Plusieurs noms circulent, comme le «Front Ample pour la Réconciliation».

Le retour à la vie civile et politique des guérilleros

Le président colombien Juan Manuel Santos a reconnu ce jeudi la responsabilité de l’Etat dans l’assassinat de milliers de membres de l’Union Patriotique, un parti créé par les rebelles de la guérilla des FARC et de l'ELN dans les années 80. Il assure que les temps ont changé et que l’Etat s’engagera à garantir la sécurité des rebelles lorsqu’ils auront déposé les armes et qu’ils auront créé un parti politique. Une déclaration saluée par Imelda Daza, unique survivante de l'Union Patriotique dans l'Etat de César, rentrée d'exil en 2014. « Cela signifie qu’aujourd’hui, dans ce pays, le gouvernement n’appuie pas des persécutions et des exterminations de mouvements politiques, se félicite Imelda Daza. Cela signifie également que le gouvernement ne soutient pas les militaires ou les membres des forces armées qui affirment qu’ils vont s’en prendre à des leaders politiques. C’est un grand pas en avant parce qu’en Colombie les forces armées ne respectaient pas les Droits de l’homme. Le gouvernement, dans son ensemble, ne s’est jamais préoccupé de les faire respecter.

Plus de « génocide politique » en Colombie

Lorsque Santos condamne ce qui s’est passé et dit que cela ne doit plus se reproduire, il offre des garanties pour que ce soit le cas. Plus jamais nous n’assisterons à un génocide politique en Colombie ! Cela signifie que le nouveau mouvement politique qui va naître lorsque les FARC seront réincorporées à la vie civile bénéficiera de garanties. Il n’y aura pas d’assassinats de ses leaders ou de ses partisans.»

La dixième conférence des FARC s'achèvera le 23 septembre avec une déclaration finale de la guérilla, trois jours avant la signature officielle des accords de paix à Carthagène.

Le texte de l'accord signé à La Havane

Le texte complet des accords

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