De notre correspondante au Canada,
Pendant longtemps, casques bleus a presque rimé avec Canada. Un ministre canadien des Affaires étrangères, Lester B. Pearson, a même reçu le prix Nobel de la paix en 1957 après avoir imaginé l’envoi de gardiens de la paix pour dénouer la crise de Suez l’année précédente. Par la suite, les casques bleus canadiens ont participé à de nombreuses missions, que ce soit en Bosnie ou en Haïti.
Le continent africain, une destination privilégiée
Peu à peu cependant, l’armée a abandonné ce type d’interventions et opté pour des missions de type contre-insurrection, comme en Afghanistan par exemple. Fin août, le gouvernement de Justin Trudeau a annoncé que le Canada renouait avec cette tradition. De 450 à 600 soldats vont être déployés dans une mission annoncée soit à la conférence de Londres ces jours-ci, soit devant l’Assemblée générale de l’ONU, fin septembre à New York.
Pour l’instant, on ignore où les casques bleus canadiens vont être envoyés et pour quel type de missions. Mais le continent africain semble une destination privilégiée. Le ministre canadien de la Défense a visité cinq pays, dont la République démocratique du Congo, l’Ethiopie et l’Ouganda à la mi-août, accompagné du général à la retraite Roméo Dallaire, qui dirigeait la mission de paix de l’ONU durant le génocide au Rwanda.
Plusieurs indices laissent croire qu’une bonne partie des casques bleus pourraient partir au Mali. Cela permettrait peut-être d’apaiser les tensions entre les dirigeants français de l’opération Barkhane et ceux qui dirigent la mission de paix actuellement déployée dans ce pays. Les Canadiens disposent d’une bonne expertise en matière de maintien de la paix.
Un Canada plus impliqué sur la scène mondiale
Il leur faudra cependant réapprendre le type de fonctionnement qu’implique une mission commandée par les Nations unies. Le monde a beaucoup changé depuis la fin de la guerre froide. Les Canadiens auront peut-être besoin que le Conseil de sécurité fournisse des résolutions un peu plus claires pour mener à bien leurs missions.
S’impliquer à nouveau dans ce genre d’interventions, cela fait partie de la stratégie du gouvernement de Justin Trudeau, qui cherche à se démarquer de l’ancienne équipe conservateurs. L’ancien Premier ministre ne croyait pas à l’instance onusienne. Il y a quelques années, Stephen Harper avait préféré inaugurer la succursale d’une chaîne canadienne de café, plutôt que de se rendre à la conférence inaugurale de l’ONU.
Symboliquement, les libéraux au pouvoir désormais veulent projeter l’image d’un Canada à nouveau impliqué sur la scène internationale. Ce qui leur permet du même coup de pousser leur candidature pour un poste au Conseil de sécurité, qui sera vacant en 2020. Ceci dit, l’éventuelle implication canadienne en matière de casques bleus reste modeste, avec seulement 600 soldats impliqués.