Des élus américains dénoncent des cas d'esclavage sexuel dans l'armée afghane

Un sordide scandale d’esclavage sexuel dans l’armée afghane refait surface aux Etats-Unis en raison du procès d’un officier appartenant au corps des Marines et qui avait été puni pour avoir dénoncé une pratique apparemment courante chez certains militaires afghans.

Avec notre correspondant à Washington, Jean-Louis Pourtet

Cela s’appelle le « Bacha Bazi » ou « Jeu avec des garçons ». Cette pratique séculaire est une forme de pédophilie, encore très répandue dans certaines régions afghanes. De jeunes garçons pubères sont contraints à devenir les esclaves sexuels d’hommes plus âgés. Parmi les prédateurs, des militaires afghans.

Le major Jason Brezler avait été renvoyé des Marines en 2012 pour avoir transmis à ses camarades une information classifiée, sur son compte privé, pour les avertir des dangers potentiels que présentait un chef de la police afghane accusé d’avoir violé des jeunes garçons. En 2015, le New York Times avait écrit que le Pentagone aurait encouragé les soldats américains à fermer les yeux sur le comportement de certains militaires afghans, et aurait même puni ceux qui les auraient dénoncés, comme le major Brezler qui fait maintenant un procès à la marine pour l’avoir renvoyé.

Plusieurs élus américains viennent de demander au gouvernement américain de ne plus tolérer cette pratique du « Bacha Bazi » et d’envisager de couper l’aide militaire, comme l’autorise une loi, quand il y a violation des droits de l’homme par des unités militaires étrangères.

Le Pentagone qui se défend d’avoir voulu faire taire ses hommes, a répondu à Duncan Hunter, élu de Californie, que le général Nicholson, commandant américain en Afghanistan avait réaffirmé à ses troupes qu’elles devaient signaler aux responsables afghans tout membre des forces de sécurité qu’elles soupçonnent de violation des droits de l’homme. Pour le parlementaire, qui souhaite une politique du zéro tolérance, c’est encore insuffisant.

A Kaboul, Anuj Chopra, chef du bureau de l'AFP dans la capitale afghane, a enquêté sur les cas de « Bachar Bazi » dans le sud du pays, la région d'Uruzgan. Son reportage a fait du bruit, le président afghan lui-même s'en est ému. Mais la situation reste la même.

« Même si Ashraf Ghani [le président afghan, ndlr] a lancé une enquête, il n'y a eu aucune annonce sur ce que le gouvernement fait pour sauver ces enfants, fait savoir à RFI le journaliste. L'Otan et les forces américaines ont publiquement condamné ces pratiques, mais ce que je cherche à savoir, c'est si des mesures concrêtes ont été prises sur le terrain : est-ce que les commandants qui ont des esclaves sexuels ont été punis, est-ce que quoi que ce soit a été fait pour sauver ces esclaves sexuels ? Je n'en ai trouvé aucune trace. »

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