avec notre correspondante à Buenos Aires, Aude Villiers-Moriamé
Le vacarme est assourdissant. Place de l'Obélisque, en plein centre de Buenos Aires, les manifestants tambourinent sur des poêles et des casseroles. C'est ce que l'on appelle un cacerolazo, une manifestation typiquement argentine. « 500% d'augmentation pour l'électricité, 500% pour le gaz... Je n'ai pas payé, explique à RFI Alberto Rubinstein, âgé de 67 ans. Il a eu une mauvaise surprise en ouvrant ses factures le mois dernier. On n'a pas suffisamment d'argent pour vivre. Je ne peux plus aider financièrement mes enfants ! C'est une situation qui nous affecte tous. »
Paula Rodriguez, elle, est venue manifester en famille ce jeudi soir. « On gagne le même salaire que l'an dernier, et plus de la moitié passe maintenant dans nos factures d'électricité et de gaz. On ne s'en sort plus, nous explique -t-elle. Là où avant on pouvait mettre un peu de côté, aujourd'hui c'est impossible ».
Une mesure difficile mais nécessaire : voilà comment le gouvernement de Mauricio Macri justifie ces augmentations. Mais pour Alejandro Bodart, député pour le Mouvement socialiste des travailleurs, il n'est pas question de toucher aux subventions publiques. « On ne devrait pas parler d'augmentation... Beaucoup de gens disent que les tarifs étaient trop bas. Mais on parle de droits là, s'indigne-t-il. C'est comme l'éducation et la santé. Les gens ont le droit d'avoir du gaz et de l'électricité. Et on devrait en garantir l'accès à tous ».
Les manifestants espèrent que la justice leur donnera raison. L'augmentation du prix du gaz est pour le moment suspendue et la Cour suprême doit se prononcer sur la légalité de cette mesure d'ici la fin du mois.