L'opposition assurait avoir recueilli près de deux millions de signatures en faveur d'un référendum révocatoire et sur l'ensemble de ces signatures, près de 400 000 ont été validées par le Conseil national électoral, soit le double du minimum requis.
« Les Vénézuéliens ont remporté la bataille des empreintes digitales », déclarait en juin dernier Henrique Capriles, ex-candidat de l'opposition à la présidentielle. Mais cette première étape franchie, il en reste plusieurs et de taille à franchir pour que la consultation puisse être organisée.
Lors de la phase suivante, dont les dates n'ont pas été communiquées par le CNE, quatre millions de signatures - soit 20 % des personnes inscrites sur les listes électorales - doivent être recueillies en trois jours, et validées, pour convoquer le référendum.
Et lors du vote proprement dit, le « oui » à la révocation du président devra dépasser le nombre de voix (7,5 millions) recueillies lors de la présidentielle de 2013.
L'opposition anti-chaviste espère pouvoir conclure le processus d'ici à la fin de l'année 2016, dans un contexte économique et social de plus en plus tendu en raison des pénuries alimentaires et de la faillite de l'Etat vénézuélien, frappé de plein fouet par la chute des cours du pétrole.
Date butoir : le 10 janvier 2017
« Le référendum révocatoire, c'est pour en finir avec les files d'attente, pour qu'il y ait de la nourriture et des médicaments, suffisamment d'argent pour chacun, et de la sécurité », affirme Henrique Capriles, cité par l'Agence France-Presse. La coalition d'opposition MUD veut commencer rapidement la collecte des signatures de sorte que le référendum révocatoire se tienne en décembre. Henrique Capriles appelle les Vénézuéliens à se mobiliser mercredi et jeudi pour que «obtenir les 20% de signatures nécessaires» pour la révocation du président.
Pour l'opposition, le référendum doit se tenir impérativement avant le 10 janvier 2017. Si M. Maduro est révoqué avant cette date, il y aura en effet des élections anticipées. Mais si la consultation se déroule après cette date butoir, et si le chef de l'Etat la perd, il n'y aura pas d'élection : Nicolas Maduro pourra désigner son vice-président pour le remplacer. Le chef de l'Etat a d'ores et déjà fait savoir qu'il n'y aurait pas de scrutin cette année.
La présidente du Conseil national électoral, Tibisay Lucena, a cependant demandé à ce qu'une enquête soit ouverte sur des allégations de fraude électorale, une demande récurrente du gouvernement et du président Maduro.
Pour Alain Musset, géographe spécialiste de l'Amérique latine à l'EHESS, si l'annonce du CNE représente une première victoire pour l'opposition, et notamment pour Henrique Capriles, la route est encore longue, notamment en raison du barrage représenté par le pallier des quatre millions de signatures. Avant même d'en arriver là, prévient Alain Musset, le pouvoir pourrait être tenté ralentir les choses au maximum. « Il y a tout un tas de systèmes au Venezuela qui permettent de vérouiller le processus et de le retarder », explique cet universitaire qui pointe le risque du « tortugismo », expression mexicaine qui désigne « la politique de la tortue ».
Et le spécialiste de l'Amérique latine de pointer aussi un danger plus grand, en raison de la position du pouvoir actuel. Le référendum « ne va pas faire baisser la pression, parce que Nicolas Maduro n'en veut pas ». Si le président, dauphin d'Hugo Chavez, « manque à ce point de légitimité, s'il ne veut pas répondre aux attentes d'une grande partie de la population ni répondre aux contraintes de la Constitution, façonnée par Chavez lui-même, l'opposition pourra dire qu'une solution de sortie politique existe mais est refusée par le pouvoir ». Dans ce cas-là, « ne reste qu'une seule option : la rue, avec des risques d'affrontements très graves ».