Trois pièces, une cuisine équipée, un écran plasma, l'air conditionné, la cellule de Jarvis Chimenes ressemble davantage à une petite suite de luxe qu'à un cachot. Au cœur de la prison surpeuplée de Tacumbo, là où 3 500 détenus dorment sur des cartons à même le sol et ne mangent pas toujours à leur faim, lui, allongé sur son canapé, peut regarder sa série télé préférée dédiée à son idole, Pablo Escobar.
Il aura fallu une alerte à la bombe pour que soit révélée l'opulence dans laquelle vivait ce narcotrafiquant, ainsi que la complicité bien sûr des hauts fonctionnaires pénitenciers.
En tout cas, Jarvis Chimenes Pavão a eu le sens des affaires. Grâce à la petite fortune accumulée dans sa vie, il a aussi fait construire au sein de la prison un petit pavillon pour y loger les détenus fortunés. Après avoir payé 5 000 dollars cash et leur cotisation de 600 dollars par semaine, ces prisonniers privilégiés avaient le droit notamment à l'utilisation du portable et d'Internet.
Cette rente, Jarvis Chimenes Pavão l'a utilisée pour faire tourner le reste de la prison : salaires des cuisiniers, rénovation de la bibliothèque, toilettes pour les gardiens, cage de football dans la cour et petite chapelle pour se confesser, on peut dire qu’il a mis la main au porte-monnaie. On comprend pourquoi la plupart des détenus ont été très chagrinés d'apprendre qu'il avait été transféré.