Venezuela: nouvelles scènes de protestations contre les pénuries d'aliments

C’est une scène à laquelle on commence à s’habituer au Venezuela : des manifestations spontanées où des habitants bloquent des routes et des avenues. Ils attendent désespérément devant les magasins pendant des heures avant d’en venir à crier leur colère contre le manque d’aliments en raison des pénuries.

Avec notre correspondant au Venezuela, Julien Gonzalez

Les protestations contre la pénurie de nourriture se font quotidiennes dans le pays. L’Observatoire vénézuélien de la conflictualité sociale estime qu’en mai dernier, 172 protestations ont eu lieu dans le pays à cause de la pénurie de nourriture. Des protestations qui ont parfois dégénéré, puisque l’ONG a répertorié 52 saccages et 36 tentatives de pillages de magasins pour ce même mois de mai.

La capitale du pays, Caracas n’est pas épargnée par ces protestations de la faim. Ce mardi 14 juin, une centaine de personnes ont crié leur colère contre le manque d'aliments à Catia, un quartier populaire à l’ouest de la capitale.

« Nous voulons de la nourriture » : c'est ce que crient ces personnes qui ont bloqué pendant plusieurs heures l’avenue Sucre. Excédé par des heures d’attente pour rien devant des magasins, Carlos Montoya ne cache pas sa colère : « Si nous protestons, c’est parce qu’il n’y a aucun aliment qui arrive dans les magasins, quel qu’il soit. Aujourd’hui, un camion est arrivé chargé de paquets de lessive. Qu’est-ce qu’on va en faire ? On ne va pas manger de la lessive ! On ne va pas continuer à manger indéfiniment des mangues ! Ici, ça n’a rien à voir avec une manifestation politique. Ce que moi je veux, c'est de la nourriture ! »

« Nos enfants peuvent mourir de faim »

Un désespoir partagé par Alexandra, qui porte un bébé dans les bras. Mais même si elle décrit la situation comme « insoutenable », cette jeune femme condamne tout saccage de magasins dans le pays : « C’est à pleurer : nos enfants peuvent mourir de faim, nos personnes âgées aussi. C’est pour ça que nous protestons parce que nous en avons le droit. Mais les saccages sont de vrais abus. Nous voulons des solutions et nous les obtiendrons pacifiquement et non en provoquant de véritables désastres publics qui nous pénalisent tous. »

Si les tensions dans le quartier de Catia n’ont pas dégénéré, à Cumana, à 400 km à l’est de Caracas, les protestations de ce mardi se sont, elles, terminées par de nombreux saccages.

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