A la Une: présidentielle en Haïti, la commission suggère d’annuler le premier tour

En Haïti, la Commission indépendante d’évaluation et de vérification électorale a rendu son rapport hier. Les fraudes et irrégularités constatées dans les 3 235 procès verbaux évalués sont telles que la Commission recommande l’annulation du premier tour de l’élection présidentielle qui s’est tenu le 25 octobre dernier et la reprise du processus électoral depuis le début.

« Le cadavre est bien vivant », s'exclame Gary Victor du quotidien Le National qui poursuit : « Il a fallu plus de 7 mois d'auscultations interminables, de commissions diverses, d'avis multiples de nécromanciens, de diagnostics contradictoires et de tests par milliers sur des échantillons putrides pour découvrir la vérité. Le mort, aussi puant pouvait-il être, était bien vivant. On repart pour un nouvel acte ».

Mais comment, c'est la question qui se pose. « Il ne faut pas faire repartir la machine, mais la faire repartir bien », estime de son côté Frantz Duval du Nouvelliste. « La publication du rapport de la Commission d'évaluation et de vérification électorale, en soulignant de graves failles, enterre en grande pompe et avec classe ce qui restait des élections de 2015. Le pays, la communauté internationale, les candidats et les organisateurs des dernières élections, tout le monde va payer dans les mois qui viennent le prix de leur sourde oreille. Ce 30 mai, Haïti a fait un pas important. On ne sait pas encore si c'est dans le sens du renforcement de la démocratisation ou de son affaiblissement ». Et l'éditorialiste de conclure : « Aujourd'hui plus qu'hier, plus qu'en 2015, il faut un pacte de gouvernance démocratique. Il faut un accord sur l'essentiel. Il faut une commission pour changer notre logiciel électoral ».

La décision finale sur la suite du processus électoral revient au CEP, le Conseil électoral provisoire, qui doit se prononcer lundi prochain. Et il est fort à parier que ses membres seront sous pression. Car pour réorganiser le premier tour de la présidentielle il faut de l'argent. Le Miami Herald rappelle aujourd'hui que les États-Unis avaient contribué au financement des élections haïtiennes de l'an dernier à hauteur de 33 millions de dollars pour un coût total de 80 millions. « Des responsables américains ont fait savoir qu'il sera difficile de demander au Congrès de nouveau de l'argent pour une élection en Haïti sans pouvoir apporter de garantie que la reprise à zéro de la présidentielle se déroulera mieux que la première tentative en 2015 ».

Si vous souhaitez vous plonger vous-même dans les détails de ce rapport de la Commission d'évaluation et de vérification électorale haïtienne, il est publié dans son intégralité sur le site Haïti Press Network.

Venezuela : le gouvernement accuse l'opposition de fraude

Au Venezuela, le gouvernement chaviste accuse l'opposition d'avoir inclus les noms de 10 000 morts parmi les signataires en faveur d'un référendum révocatoire, rapporte El Correo del Orinoco. Entre-temps, une rencontre qui devrait avoir lieu ce mardi entre le Conseil national électoral et des représentants de l'opposition a été annulée par le CNE, annonce El Universal. Une rencontre au cours de laquelle l'opposition espérait obtenir de la part de l'organe électoral des précisions sur la procédure de validation des 1,8 million de signatures recueillies en faveur du référendum révocatoire.

Dans les colonnes de Tal Cual, l'un des leaders de la coalition d'opposition, Henrique Capriles, appelle ses sympathisants à la mobilisation : « Si le CNE ne nous donne pas de réponse concernant la procédure du référendum révocatoire, nous irons la chercher nous-mêmes dans toutes les antennes locales du pouvoir électoral à travers le pays », a-t-il prévenu.

Brésil : nouvelle démission d’un ministre du gouvernement Temer

Au Brésil le scandale Petrobras a encore frappé: ce lundi, c'est le ministre de la Transparence, en quelque sorte le « monsieur anti-corruption » du gouvernement intérimaire du président Temer, qui a dû démissionner. Fabiano Silvera a été obligé de quitter son poste après la divulgation d'un enregistrement audio dans lequel il critiquait l'enquête sur le scandale de corruption Petrobras.

Dans son éditorial, O Globo, estime que « cette démission réduit les risques pour le gouvernement Temer ». Selon l’éditorialiste, Michel Temer est arrivé au pouvoir dans un pays en grandes difficultés économiques et éthiquement dégradé. Alors, même si le président par intérim ne voyait « rien de mal » dans les enregistrements du ministre, « son engagement en faveur de la transparence n’est pas négociable. En donnant sa démission, Silveira enlève une épine du pied de Temer ».

La Folha de São Paulo est beaucoup plus virulente : « étant donné que Michel Temer n’a choisi que des ministres cités dans des scandales de corruption, il était facile de prévoir que des changements et démissions allaient se produire, mais nous n’imaginions pas que ce serait en moins de 20 jours ». En tant que ministre de la Transparence, Silveira aurait dû agir pour perfectionner le système judiciaire et non pas pour aider des politiques à se sortir de leurs poursuites judiciaires, estime le quotidien de São Paulo.

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