Justice a été rendue : sur les 17 prévenus encore en vie, quinze ont été condamnés et deux personnes ont été relaxées. Pour l’essentiel, le tribunal a suivi les réquisitions du ministère public. Reynaldo Bignone, le dernier chef de la junte argentine (1982-83), déjà condamné dans d’autres procès, écope d’une peine de vingt ans. L’ancien militaire uruguayen Manuel Cordero, qui a séquestré et assassiné des ressortissants de son pays en Argentine, prend lui 25 ans. Parmi ses victimes, Sara Méndez, qui a survécu à la détention « J’ai été séquestrée ici en Argentine, je suis Uruguayenne. Après avoir été torturée pendant plusieurs jours, j’ai été transférée en Uruguay », explique-t-elle à notre correspondant à Buenos Aires, Jean-Louis Buchet.
Le jugement valide l'existence du plan Condor
Au-delà de la réparation, la satisfaction des parties civiles à l’issue du verdict s’explique par le fait que les juges ont considéré comme prouvée l’existence du Plan Condor, véritable organisation criminelle mise en place par les dictatures sud-américaines dans les années 70 pour traquer des opposants sans tenir compte des frontières entre leurs pays. Pour le procureur Carlos Oubiña, c’était l’enjeu du procès. « Je considère très important qu’ait été prouvée la coordination répressive illégale entre plusieurs pays dans le cadre du Plan Condor », se réjouit le procureur.
Grâce à la justice argentine, une partie du Plan Condor a été dévoilée. Les défenseurs des droits de l’homme espèrent maintenant que des procès s’ouvriront dans les autres pays qui ont participé à cette internationale de la répression.