Le « Plan Condor » est né à l’initiative du général Pinochet. Le chef de la junte chilienne a invité les dictatures de cinq autres pays de la région (Argentine, Bolivie, Brésil, Paraguay et Uruguay) à échanger des informations et à agir ensemble contre leurs opposants présumés.
Concrètement, le « Plan Condor » a permis aux militaires et policiers de ces six pays de faire la chasse aux supposés subversifs sans tenir compte des frontières. Des agents chiliens ont ainsi kidnappé des militants de leur pays sur le territoire argentin, des Paraguayens et Uruguayens ont été détenus et torturés en Argentine, des policiers brésiliens ont arrêté et extradé des Argentins et des Uruguayens poursuivis dans leur pays.
Le procès d’une véritable internationale de la terreur
Comme l’ont démontré les comptes rendus de réunions et les messages échangés entre les forces de répression de ces dictatures, une véritable internationale de la terreur a fonctionné entre 1976 et 1985 dans la région.
La majorité des faits qui sont jugés ont eu lieu sur le territoire argentin, mais les victimes sont de plusieurs nationalités. Quant aux prévenus, il s’agit d’anciens militaires, tous Argentins sauf un, qui est Uruguayen, et qui a été extradé par le Brésil, où il s’était réfugié.
Qui sont les prévenus ?
Au début du procès, la justice argentine a demandé la comparution de Pinochet et des anciens dictateurs ; notamment Banzer de Bolivie et Stroessner du Paraguay. Tous les deux sont décédés, mais leurs extraditions ont été refusées. Conséquence : il a été plus facile d’avancer sur des faits qui avaient eu lieu en Argentine.
Mais, que les victimes soient de plusieurs nationalités, que l’intervention d’agents d’autres pays ait été prouvée, et que des documents d’origine paraguayenne et chilienne attestent de la coordination entre les forces de répression ; tous ces éléments permettent de dire que c’est bien le « Plan Condor » dans son ensemble qui sera jugé ce vendredi soir à Buenos Aires. En ce sens, c’est un procès historique.
Lorsque les condamnations tomberont –les parties civiles ont demandé des peines de 20 ans de réclusion criminelle pour les principaux responsables-, il n’est pas exclu que des procédures judiciaires s’ouvrent dans d’autres pays sur le « Plan Condor ».
Le rôle des Etats-Unis au Chili
Le procès n’a pas pu prouver que les Etats-Unis étaient à l’origine du « Plan Condor ». Mais ils étaient parfaitement informés des agissements coordonnés des forces de répression dans la région, qui communiquaient par ailleurs grâce à un système dont seuls les Américains détenaient la technologie.
La déclassification en cours des archives américaines devrait permettre d’apporter plus d’éléments sur cette question.