avec notre correspondant à Tokyo, Frédéric Charles
Des survivants des bombardements atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki -certains meurent encore de cancers dus aux radiations au soir de leur vie- demandent des excuses à Barack Obama.
Terumi Tanaka, le secrétaire général de la Confédération des organisations des victimes des bombes A et H -une organisation de gauche- exhorte Barack Obama quand il deviendra, le 27 mai, le premier président américain en exercice à visiter Hiroshima, à présenter des excuses ou à exprimer des regrets. Non pas, précise-t-il, au Japon en tant qu'Etat. Mais à ceux qui sont morts, à leurs familles qui ont perdu des enfants.
Terumi Tanaka a, lui aussi, été meurtri dans son corps et dans son être par le feu nucléaire. « J'espère que Barack Obama pourra écouter directement les voix de ceux qui ont souffert », ajoute-t-il. Ecouter directement, ce n'est pas sûr : la Maison Blanche doit encore décider si Barack Obama rencontrera ou non des survivants. Et s'il prendra le temps d'écouter leurs témoignages.
La Maison Blanche indique que la visite de Barack Obama à Hiroshima s'inscrit dans « la vision d'un monde dénucléarisé ». Pas question de s'engager dans« un débat légitime » sur la justification des bombardements atomiques. Barack Obama laisse ce soin aux historiens. Dans la rhétorique américaine, les bombes atomiques ont mis fin à la guerre, épargné des vies, et apporté la démocratie au Japon.
Le maire d'Hiroshima, et le premier ministre Shinzo Abe qui accompagnera Barack Obama, ne demandent pas d'excuses au président américain. « Qu'il vienne seulement, déclarent-t-ils, pour que le monde n'oublie pas ce qui s'est passé il y a 71 ans ». Le Japon officiel s'est toujours posé en victime des bombardements
atomiques. Pour faire oublier ce qui les avait précédé : la guerre d'agression japonaise en Asie durant quinze ans qui coûta la vie à quinze ou vingt millions de personnes.