Bolivie: actions désespérées d'activistes handicapés à la Paz

En Bolivie, le conflit s’intensifie entre le gouvernement et les associations de personnes souffrant de handicap. Ces dernières réclament la création d’une pension mensuelle de 65 euros pour tout Bolivien souffrant de handicap. Une mesure « irresponsable économiquement », répond le gouvernement d’Evo Morales.

En Bolivie, face au blocage des négociations, les demandeurs handicapés ont décidé de prendre des mesures de pression radicales, et notamment en prenant des risques pour leur intégrité physique. Mardi 3 mai, une des dirigeantes du mouvement, assise sur sa chaise roulante, s’est suspendue à une passerelle en plein centre-ville de La Paz. Durant quelques heures, et à près de trois mètres du sol, elle a déclamé les revendications du secteur à l’aide d’un mégaphone. Les policiers sont ensuite intervenus pour la forcer à descendre et pour débloquer l’avenue, obstruée par une vingtaine de personnes en chaises roulantes. Les protestataires ont annoncé qu’ils allaient prochainement répéter ce genre d’action.

Des actions extrêmes pour dénoncer le manque de moyens

Les activistes réclament au gouvernement la création d'une pension mensuelle de 65 euros destinée à toute personne souffrant de handicap. Aujourd'hui, seule une pension annuelle de 130 euros est versée, et uniquement aux personnes souffrant de «handicap sévère et très sévère». Ils dénoncent également les discriminations quotidiennes et le manque d’infrastructures adaptées. Le point de départ de ce conflit remonte au mois de janvier dernier. Dans la ville de Cochabamba, dans le centre du pays, plusieurs personnes en chaise roulantes s’étaient suspendues à un pont, avec la même revendication principale qu’aujourd’hui.

Devant l’absence de réponse des autorités, les associations de handicapés avaient alors décidé au mois de mars de faire partir une caravane depuis Cochabamba jusqu’à La Paz, pour sensibiliser le gouvernement et l’opinion publique. Après plus de 330 kilomètres à pied ou en chaise roulante, bravant les intempéries et l’altitude de la cordillère des Andes, une centaine de personnes souffrant de différents types de handicap, sont arrivées le 25 avril dernier à La Paz.

La police a usé de gaz lacrymogènes

Depuis, les membres de cette caravane ont organisé plusieurs manifestations dans le centre-ville, avec l’appui d’une partie de la population. Des manifestations qui ont débouché sur des affrontements avec les policiers qui n'ont pas hésité à lancer des gaz lacrymogènes contre les protestataires en chaise roulante. Face à cette mobilisation, le gouvernement reste en effet intransigeant, et ce malgré les images désastreuses de manifestants en chaises roulantes réprimés sans ménagement par les forces de l’ordre.

 
Si l’opinion publique soutient majoritairement la demande des associations de handicapés, le pouvoir ne veut pas entendre parler d’une pension mensuelle à 65 euros. « Dire oui à cette pension démesurée, c’est porter préjudice aux revenus de tous les Boliviens. » a ainsi déclaré Luis Arce, le ministre de l’Economie, qui a ajouté, « en conséquence, il n’y aura pas de telle pension». 

L’autre argument du gouvernement, c’est que ce mouvement serait financé par l’opposition de droite et des ONG étrangères, et qu’il aurait pour objectif de déstabiliser politiquement le pays. Pour bien souligner sa position, le pouvoir a fait grillager et sécuriser par la police les voies d'accès à la place Murillo, où se trouvent le palais présidentiel et le Parlement, afin qu’aucune manifestation ne puisse y pénétrer.
 

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