La lutte contre la drogue s'invite à l'ONU

L'ONU s’est lancée dans la lutte contre la drogue. Un sommet mondial s'est ouvert, mardi 19 avril 2016, à New York, à l'occasion de la 30e session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations unies. Le but de la réunion est d’établir une feuille de route pour les prochaines décennies. Mais la tâche s’annonce délicate : le débat s’ouvre à un moment où de nombreux pays sont en train de repenser leur approche de la politique de lutte contre les drogues.

La prochaine session spéciale de l’ONU sur les drogues devait se tenir en 2019. Elle a finalement été avancée de trois ans, à la demande expresse de la Colombie, du Guatemala et du Mexique, trois pays où la société est gangrénée par les narcotrafiquants.

La dernière session s’était tenue en 1998 : les participants s’étaient alors engagés à développer des stratégies ayant pour objectif d’éliminer ou de réduire la production et l’usage des substances illicites.Dix-huit ans plus tard, cette déclaration reste un vœu pieux.

Dans une lettre adressée aux Nations unies, plus de 1 000 personnalités politiques, scientifiques ou artistiques du monde entier estiment que les approches conduites jusque-là ont été « désastreuses ».

Selon les auteurs de la lettre, la politique, axée « massivement sur la criminalisation et la punition » a contribué à créer un vaste marché illicite qui a enrichi les organisations criminelles et les gouvernements corrompus.

Lors de cette nouvelle session qui s'ouvre à New York, deux visions vont s'affronter : d'un côté, les partisans d'une approche radicalement différente, emmenés par les pays d'Amérique latine qui voient dans la légalisation de certaines substances un moyen de réduire la violence. C'est dans cette optique que le Canada a d'ailleurs prévu de légaliser la marijuana. De l'autre, des pays comme la Chine ou la Russie ne souhaitent pas voir les conventions existantes changées.

→ A (RE)LIRE : L’Afrique: porte d’entrée et de transit du trafic de drogue


Le Mexique prône la prévention plutôt que la répression

Avec notre correspondant à Mexico, Patrick John Buffe

Pour le président mexique Enrique Peña Nieto, la guerre contre les stupéfiants n’a réussi à empêcher ni la production de drogues, ni son trafic, ni sa consommation. C’est un aveu d’échec, certes, mais sur un plan mondial avant tout. Car selon lui, la lutte du Mexique contre les cartels a porté ses fruits, même s’il reconnaît qu’elle a été insuffisante et qu’elle a entraîné un coût social élevé. D’où la nécessité de changer d’approche et de s’acheminer vers une politique intégrale, comme celle qu’il prétend avoir déjà mise en place au Mexique.

Il a donc proposé à la communauté internationale de privilégier la prévention plutôt que la répression, sans pour autant préciser s’il est lui-même disposé à renoncer à sa guerre contre les narcotrafiquants. Mais devant les limites de la politique de prohibition, il estime que la question de la drogue doit être désormais abordée du point de vue des droits de l’homme. Et la consommation considérée comme un problème de santé publique.

Enfin, de manière plus concrète, le président Peña Nieto a annoncé qu’il était favorable à une légalisation de la marijuana à des fins médicales et scientifiques.

Pour ce faire, il a proposé aux Etats membres des Nations unies dix mesures qui cherchent à offrir une nouvelle vision de la problématique, sur la base des expériences récentes du Mexique.

Partager :