Avec notre envoyée spéciale à Baltimore, Anne-Marie Capomaccio
Après trois jours de délibérations, les jurés de Baltimore n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur un verdict. Le premier procès dans l’affaire Freddie Gray a donc avorté. L’officier Porter n’est pas acquitté mais il n’est pas reconnu coupable des quatre chefs d’inculpation qui pèsent contre lui, parmi lesquels celui « d'homicide involontaire ». Le procureur aura la possibilité jeudi 17 décembre de demander un second procès.
Devant le tribunal de Baltimore, c’est la stupéfaction, la frustration et parfois la colère. Les manifestants et les militants des droits civiques, qui campent devant le palais de justice depuis deux semaines, peinent à absorber la nouvelle. Pour eux, il s’agissait d’un procès symbolique, le premier contre les violences policières aux Etats-Unis depuis le début des émeutes il y a dix-huit mois.
« Je suis frustré et ému en même temps, à cause de cette décision de procès annulé, regrette Wesley Wes, 35 ans. Cela représente la communauté noire et son impossibilité à faire entendre sa voix », résume cet homme élégant dans son costume sombre qui se définit comme un pur produit des quartiers pauvres de Baltimore. Sa frustration résume bien l’ambiance qui régnait la nuit dernière dans la ville de Freddie Gray. Les manifestants étaient KO debout.
L’échec des jurés à atteindre l’unanimité sur le cas de l’officier Porter ne signifie pas qu’il est innocent ou coupable. Une date pour un nouveau procès sera en principe fixée très rapidement. Mais les manifestants attendaient beaucoup de ce qu’ils considèrent être « le premier procès de la violence policière ».
Sécurité maximale
La ville était en état de siège, et dans le quartier de Freddie Gray, le quartier des émeutes, les membres du service d’ordre qui patrouillaient pour maintenir le calme étaient aussi nombreux que les protestataires. « Il faut être patient et attendre les 5 autres procès à venir », explique aux jeunes en colère le pasteur Nunes.
« Les membres des gangs, les leaders communautaires, le clergé, la police, les chefs d’entreprise... nous sommes ensemble pour déclarer notre amour de cette ville, a déclaré le pasteur au micro de RFI. Vous pouvez manifester, mais vous ne mettrez pas cette ville en cendre, vous ne recommencerez pas ! »
Sur place, les forces de l’ordre étaient extrêmement nombreuses. Elles se sont d’ailleurs déployées, bousculant la foule sans ménagement, pour éviter un incident. Des hélicoptères de la sécurité civile ont patrouillé au-dessus de la ville. Tout a été préparé pour éviter des émeutes violentes, telles que la ville en a connu l’an dernier.