De notre correspondant à Mexico,
Douze mois après les faits, on ignore toujours si les 43 étudiants d’Ayotzinapa sont morts ou s’ils sont encore vivants. Et cela, malgré l’arrestation de plus d’une centaine de personnes, malgré la découverte de cendres provenant d’une décharge, où les étudiants auraient été incinérés, et malgré les analyses d’un laboratoire de pointe autrichien qui a réussi à identifier les restes calcinés de deux des étudiants disparus.
De plus, de nouveaux éléments viennent d’être versés au dossier, notamment le rapport d’experts internationaux qui a eu l’effet d’une bombe au Mexique : après six mois d’enquête sur place, ils ont catégoriquement réfuté la thèse des autorités qui prétendent que ces jeunes ont été brûlés dans une décharge. Selon ces experts, c’est matériellement impossible. Ils considèrent aussi que le ministère public a négligé certains éléments de l’enquête, d’où les recommandations faites aux autorités mexicaines de suivre de nouvelles lignes d’investigation, tel le rôle des militaires dans cette affaire.
Les parents des étudiants disparus veulent des preuves
Durant les douze derniers mois, les parents des 43 étudiants disparus n’ont pas cessé de manifester, ce qu’ils vont encore faire ce samedi 26 septembre, à Mexico, pour commémorer ce triste anniversaire. Ce qui est sûr, c’est qu’ils continuent à se battre pour que leurs enfants soient retrouvés vivants, car tant qu’ils n’ont pas de preuves scientifiques irréfutables, ils restent convaincus qu’ils sont toujours en vie.
Voilà pourquoi ils ont réfuté les conclusions du laboratoire autrichien qui a identifié il y a quelques semaines des restes qui seraient ceux d’un second étudiant. Les parents des victimes considèrent que l’origine de l’os analysé est incertaine et que les éléments de preuve sont trop minces. Et, d’ailleurs, même s’il s’agissait effectivement d’un second étudiant, cela ne voudrait pas encore dire que les autres ont été aussi brûlés ou qu’ils sont morts.
Ce jeudi 24 septembre, le président Peña Nieto a reçu pour la seconde fois en un an les familles des victimes. Cette réunion s’est déroulée dans un climat de suspicion, et cela, malgré l’apparente main tendue du président; car depuis qu’ont disparu les étudiants, leurs parents, et d’une manière générale la société, ne font plus confiance aux autorités. Dans ces conditions, il était illusoire de croire que cette rencontre permettait de faire avancer les choses. A l’issue de la réunion, les familles des victimes ont reconnu qu’elles n’avaient rien obtenu.