De notre correspondant à Caracas,
Dans une situation de crise économique, l'annonce de Nicolas Maduro est forcément encourageante. A ceci près que, selon de nombreux analystes, c'est une aide qui avait déjà été annoncée par le président vénézuélien en début d'année. Elle est désormais signée et donc officielle. Ce prêt de 5 milliards de dollars a un but : « augmenter la production pétrolière, de manière progressive ». Bonne nouvelle parce que le Venezuela est le pays avec les plus grandes ressources pétrolières du monde, mais il a un problème : sa production est en deçà de ses possibilités.
La production pétrolière s'élève en ce moment à 2 millions 800 milles barils de pétrole par jour, on est loin du fameux projet lancé en 2005 pour « semer du pétrole » et dépasser les 5 millions de barils de pétrole par jour à la fin de l'année 2012. L'une des cause, c'est notamment le manque d'investissements de matériel mais aussi de raffinage, ce à quoi cette aide chinoise pourra en partie pallier.
La situation vénézuelienne désastreuse
Cet investissement ne va pourtant pas changer grand chose à l'économie du pays ou à la situation des Vénézuéliens. En effet, la Chine n'a pas distribué une somme en cash qui permettrait au Venezuela de rembourser une partie de sa dette. Les agences de notations placent en ce moment le Venezuela dans une situation « vulnérable » où le défaut de paiement est proche d'une « réelle possibilité ». En ce qui concerne les Vénézuéliens, ça n'aura pas d'impact pour eux et sur leur quotidien. Donc à priori les pénuries que l'on peut voir dans les magasins ne vont pas s'arrêter du jour au lendemain avec cette annonce.
Opération séduction de Maduro
Le président vénézuélien en a également profité pour annoncer « un plan de développement commun avec la Chine pour les dix prochaines années » : la relation entre les deux pays semble plus que jamais privilégiée. D'ailleurs ce n'est pas une surprise puisque les accords de coopération entre les 2 pays ne manquent pas : depuis 2007, la Chine a prêté plus de 50 milliards de dollars au Venezuela. Pour cette nouvelle annonce, Nicolas Maduro a déjà donné quelques orientations de projets dans l'industrie de l'or ou de la construction par exemple.
Mais ces annonces posent d'abord la question de la dépendance : le Venezuela envoie aujourd'hui 700 000 barils de pétrole par jour à la Chine, soit plus d'1/5 de sa production actuelle. L'autre question est de savoir si tous ces projets verront effectivement le jour. L'entreprise d'électroménager chinoise Haier a commencé à implanter une usine au Venezuela depuis plusieurs années mais aucun produit n'en est pour l'instant sorti. Et pourtant, les produits de cette firme sont bien sur le marché.
Et il y a beaucoup d'autres exemples comme celui-là, ce qui pourrait faire dire que si les produits chinois d'importation inondent le marché vénézuélien, les investissements chinois pour opérer directement au Venezuela semblent en revanche, beaucoup plus rares. Enfin, « pour chaque nouvelle phase de coopération, il faut que tous les prêts antérieurs en question aient été payés dans leur totalité », c'est ce qu'on peut lire dans la gazette officielle du 30 juin dernier. Difficile d'imaginer de nouveaux projets qui n'aient donc pas déjà été actés.