Malgré la très forte mobilisation contre la chef d’État dimanche dans les rues brésiliennes, le journal Folha de São Paulo soutient que Dilma Rousseff est « toujours sur le ring. La présidente la plus impopulaire de l'histoire brésilienne a encore trois ans et trois mois pour redresser la barre ». Pour cela Dilma Roussef va devoir « gouverner avec une nouvelle coalition », explique le quotidien brésilien.
Le journal Estadão reproche justement à la présidente et à son prédécesseur Lula de ne pas prendre en compte les voix de l'opposition. « Dilma a transformé le palais présidentiel en un bunker et maintenant, elle tente de se présenter en victime d'une conspiration qui veut la destituer », affirme Estadão.
Le journal s’interroge sur la légitimité de la présidente. « Si Dilma a été élue par la voix du peuple, les parlementaires qui s'opposent à elle l'ont aussi été. Ils sont donc aussi légitimes qu'elle. Pour mériter son mandat, la chef du gouvernement doit montrer qu'elle l'a gagné proprement et l'exercer d'une manière responsable », estime O Estadão. Le quotidien rappelle que Dilma Roussef est accusée d'« abus de pouvoir économiques et politiques », durant la dernière campagne présidentielle de 2014.
Toujours selon Estadão, « Dilma veut faire croire que parce qu'elle a été élue par vote direct, elle est au-dessus des institutions et que ceux qui ne sont pas d'accord avec cela doivent être traités comme des indignes de la démocratie ». Ce discours autoritaire a rapidement été repris par les syndicats et mouvements sociaux qui soutiennent Dilma et le Parti travailliste de Lula, selon l’éditorialiste qui conclut : « Si la présidente de la République tient vraiment à la démocratie et à sa légitimité, elle doit calmer ses troupes, baisser le ton et accepter que l'État ne lui appartienne pas. »
La lettre de 500 intellectuels au président mexicain Peña Nieto
Des journalistes, écrivains et artistes du monde entier adressent une lettre ouverte au président mexicain pour défendre le droit à l'information de la société mexicaine quelques semaines après l'assassinat d'un photoreporter dans la capitale. « Aujourd'hui, il n'y a plus aucun refuge pour les reporters poursuivis au Mexique », affirme cette lettre publiée notamment dans le Diario de Yucatan. « Plusieurs dizaines d’entre eux ont été tués depuis 15 ans. Une vingtaine est toujours portée disparue et la grande majorité de ces crimes restent impunis ».
« La commission mexicaine des droits de l'homme a apporté des preuves de l'implication de fonctionnaires publics dans plusieurs attaques contre des journalistes et médias ». Et justement à Vera Cruz, état duquel venait Ruben Espinosa, le photoreporter tué le 31 juillet, les menaces et assassinats ont atteint des chiffres records depuis l'arrivée au pouvoir du gouverneur Javier Duarte, explique le groupe d'intellectuels signataires.
Le New York Times rappelle précisément l'avertissement donné par Javier Duarte aux journalistes . « Tenez-vous bien, nous allons secouer des arbres et beaucoup de pommes pourries vont tomber ». Cette menace était officiellement dirigée contre les journalistes sympathisants avec des trafiquants de drogues. Mais le New York Times explique que de nombreux journalistes l'ont comprise comme une menace envers ceux qui critiquent les autorités régionales. Le quotidien américain rappelle que les crimes contre la presse ne sont pas les seuls à rester impunis. « Le système judiciaire du pays est extrêmement faible, face aux influences politiques et à la corruption », souligne le quotidien.
El Proceso dénonce d'ailleurs l'« Omerta mexicaine ». Dans son éditorial, l’hebdomadaire mexicain s’appuie sur la loi du silence qui règne dans les mafias italiennes pour décrire la situation au Mexique. « Le modèle de la mafia italienne et sa relation avec l'État est une illustration de la symbiose entre le narco trafic et la politique au Mexique », affirme El Proceso. « Une symbiose alimentée par la corruption et cachée derrière une guerre qui a fait plus de 160 000 victimes durant ces 9 dernières années. » Selon l'hebdomadaire mexicain, « le président n'a rien fait pour combattre la corruption gouvernementale. Le gouvernement d’Enrique Peña Nieto s'est réfugié dans une sorte d'omerta qui le protège. Mais ce silence l'empêche de prendre des décisions qui lui permettraient de sortir de cette paralysie politique, alors que la tolérance de la société semble s'épuiser. »