De notre correspondant à Caracas,
Il n'y a pas grand chose à attendre des primaires de l'opposition. D’abord, parce qu'elles n’auront finalement lieu que dans 33 circonscriptions, tandis que dans plus d’une cinquantaine d’autres, le candidat a été choisi « par consensus ».
La campagne de ces primaires s’est achevée ce jeudi dans une indifférence totale. D’ailleurs, aucune proposition concrète n’a véritablement émergé. Pourquoi ? Parce que l’opposition a construit une alliance depuis quelques années : la Mesa de la Unidad Democrática (MUD), une espèce de grande famille qui compte près d’une trentaine de partis. Or, si ces partis sont unis, au gré des événements, ils peuvent avoir des divergences.
Dernier exemple en date : lors des prochaines législatives, il y aura bien un seul et unique candidat pour incarner l’opposition dans chaque circonscription ; mais portera-t-il une seule étiquette politique, celle de la MUD, ou bien chaque candidat portera-t-il la bannière de son propre parti politique ? L’opposition n’a toujours pas tranché.
Les troupes de Lopez veulent se compter
Dans cette grande famille, il est particulièrement difficile de dire en ce moment qui est le leader de l’opposition. D’ailleurs, il n’est pas surprenant que ce soit Voluntad Popular, le parti de Leopoldo Lopez, qui plaide le plus fort pour que les candidats portent la bannière de chaque parti politique. En détention depuis plus d’un an, ce dernier est devenu l’ennemi numéro 1 du gouvernement, avec une stratégie bien à lui : « la salida », autrement dit « la sortie » du gouvernement Maduro. Une posture plus radicale que la majorité des partis d’opposition.
Bien sûr, la direction de Voluntad Popular met en avant l’aspect légal : la peur de ne plus exister juridiquement en tant que parti à force de ne se présenter que dans l’alliance. Mais il est clair que si cette option était retenue, les prochaines législatives leur serviraient à prendre la température dans le cœur et le vote des Vénézuéliens. Ce serait alors l’occasion de mesurer concrètement la popularité de Leopoldo Lopez, et donc d’inquiéter directement Henrique Capriles, le candidat de la dernière présidentielle, qui reste techniquement le leader naturel de l’opposition.
Vote d'adhésion, ou rejet du chavisme ?
L’opposition semble pourtant avoir de fortes chances de remporter les prochaines législatives. De nombreux sondages lui donnent une large victoire. Les rapports entre députés chavistes et d’opposition pourraient même être du simple au double. L’opposition engrangerait donc de très nombreuses intentions de votes, mais c’est là tout le paradoxe : la majorité des manifestations convoquées cette année par l’opposition se sont très souvent soldées par des échecs.
Conclusion : oui, l’opposition pourrait l’emporter, capitalisant la grogne qui monte dans le pays. Mais elle semble surtout, jusque-là, profiter d’un vote de rejet du chavisme, et surtout de la situation économique actuelle, plus que d’un vote d’adhésion.