Avec notre envoyé spécial à Port-au-Prince, Florent Guignard
« Historique », ce fut l’un des mots les plus employés par François Hollande tout au long de cette tournée dans les Caraïbes, particulièrement à Cuba lundi et mardi en Haïti. Venir à Port-au-Prince sur la terre des esclaves libérés de leurs chaînes, c’était mon devoir a dit François Hollande. Sans tomber dans la repentance, le président français en opération déminage a tenu à rappeler le travail mémoriel sur l’esclavage accompli en France ces quinze dernières années.
Sa venue en Haïti lui aura surtout permis de tenter de rattraper la bourde de dimanche en Guadeloupe. Sa formule ambiguë sur l’acquittement de la dette de la France vis-à-vis d’Haïti a réveillé chez une partie des Haïtiens un sentiment anti-français. François Hollande parlait bien de dette morale que la France va honorer avec la bénédiction de son homologue haïtien grâce à un plan de modernisation du système éducatif, même si la somme annoncée, 50 millions d’euros peut paraître modeste.
« Il y a une dette morale qui existe. Cette dette morale, je l’ai évoquée en Guadeloupe, à Pointe-à-Pitre. Et j’ai rappelé même ce qui avait été hélas une réalité. C’est qu’il a été demandé à Haïti de payer le prix de son indépendance. Alors avec le président Martelly, nous avons voulu réfléchir à ce que pourrait être un engagement de la France avec Haïti. Et nous avons convenu et j’ai pris cet engagement que la France serait aux côtés d’Haïti pour la scolarisation des enfants. C’est un engagement qui vaut pour le long terme, mais qui va trouver rapidement sa traduction. C’est le plus beau symbole que nous puissions, nous, offrir ensemble », a déclaré François Hollande.
Michel Martelly a de son côté insisté sur le renouveau de la relation franco-haïtienne : « S’il nous faut nous rappeler la visite effectuée par le président Nicolas Sarkozy au lendemain du tremblement de terre, la date du 12 mai 2015 restera à jamais gravée dans les mémoires comme étant celle de la première visite officielle d’un chef d’Etat français sur la terre haïtienne. Ce moment en vérité est historique et à plus d’un titre. Historique, car il scelle les retrouvailles entre deux peuples après une longue période de déni et d’incompréhension marquée par des sous-entendus et des malentendus. Cette journée prend tout son sens dans le vécu commun de nos deux peuples. Un vécu auquel il nous revient aujourd’hui de donner un autre sens : le sens de la dignité, le sens du respect que l’un et l’autre avaient perdu pas pour les mêmes raisons ou cause. Aucun marchandage, aucune compensation ne peut rattraper les accrocs de l’histoire qui nous marque si profondément encore aujourd’hui. »
En Haïti comme en France, François Hollande mise sur la symbolique de la jeunesse et cette première visite officielle d’un président français en Haïti, ces « retrouvailles » pour reprendre le mot de Michel Martelly lui a permis de lancer les bases d’une relation qu’il espère apaisée et résumée en une formule : « On ne peut pas changer l’histoire, mais on peut changer l’avenir. »