Avec notre envoyé spécial à La Havane, Florent Guignard
La Marseillaise jouée sur la place de la Révolution à La Havane, avec en décor de fond l’immense portrait en fer forgé d'Ernesto Guevara. Ce lundi 11 mai 2015 dans la capitale cubaine, François Hollande contemple plus d’un demi-siècle d’histoire. Il vient alors d’être reçu par Fidel Castro. La rencontre entre les deux hommes était dans les tuyaux, mais le secret fut gardé jusqu’à la dernière minute. Ce rendez-vous à huis clos avec l'ancien dirigeant cubain, resté au pouvoir entre 1959 et 2008, c'était un peu l’histoire dans l’histoire. « Il est l’histoire », dit François Hollande du père de la révolution cubaine, qui a reçu le chef de l'Etat français chez lui, en famille.
Deux Castro rencontrés en un jour
M. Hollande a rencontré un homme de 88 ans, réputé féru d'histoire de France, et qu’il a trouvé très informé et très alerte. « Je voulais avoir aussi ce moment d’histoire, parce que c'est l'histoire de Cuba, c'est l'histoire du monde, et j'avais devant moi un homme qui a fait l'histoire, a expliqué le président français à l'issue de cette rencontre. Il y a forcément un débat sur ce qu’a pu être sa place, ses responsabilités, mais venant à Cuba, je voulais rencontrer Fidel Castro. Je sais ce qu'il a pu représenter aussi pour des peuples, y compris en France. »
Le président social-démocrate espère-t-il renouer avec cette gauche sensible à l'histoire cubaine ? « Je ne fais pas ce voyage pour des raisons de politique intérieure », répond François Hollande à cette question. Le président pense simplement qu’au-delà de la gauche, en France, on aime bien les pays indépendants. Et « ça parle au monde d’aller à Cuba », dit-il. « Il y avait cette volonté de ma part d’aller vers lui (Fidel Castro, NDLR), comme lui il voulait aller vers la France », a expliqué François Hollande qui, d’un frère à l’autre, a ensuite été reçu par Raul Castro pour un second entretien plus officiel suivi d'un dîner.
La France a renouvelé son soutien à Cuba et François Hollande est resté discret sur le dossier des droits de l'homme. Il a évoqué avec Raul Castro l'idée de renforcer un partenariat entre Paris et La Havane, afin que la France joue un rôle de premier plan dans la relation entre l'île et l'Union européenne.
La première d'une série de visites sur l'île
Le matin, à l’université de La Havane, le président français avait appelé à la fin de l’embargo américain : « Que des mesures qui ont tant nui au développement de Cuba puissent être enfin annulées, supprimées, voilà ce que nous avons à faire. » Et d'appeler le gouvernement cubain à assouplir les règles pour faciliter les échanges et l'implantation d'entreprises françaises sur l'île.
La Havane, de son côté, a promis d’user de son influence en Amérique latine pour faire avancer la cause du climat, avant la COP 21 à Paris à la fin de l'année. « Ne pas faire ce voyage aurait été une faute », a confié François Hollande, visiblement heureux, pour ne pas dire sur un petit nuage à l'idée d’être un précurseur. « Je pense que mon exemple va être suivi et que vous aurez de visites nombreuses. »
Presque au même moment, à Washington, Barack Obama a d'ailleurs fait savoir qu’il envisageait une visite à Cuba dès l’an prochain. Ce n'est pas exclu, selon la Maison Blanche, tandis que le pape François, qui a reçu Raul Castro dimanche, ira bien à La Havane, du 19 au 22 septembre prochains.
• Cap sur Port-au-Prince pour le président français
Après cette visite à Cuba, François Hollande est ce mardi 12 mai en Haïti, pour signer plusieurs accords de coopération et soutenir les efforts de reconstruction, cinq ans et demi après le terrible séisme qui a frappé le pays. Il s'agit de la deuxième visite d'un président français en Haïti après Nicolas Sarkozy en 2010. François Hollande sera accompagné de plusieurs ministres et secrétaires d'Etat, ainsi qu'une importante délégation de représentants du secteur privé.