Le Congrès américain devrait-il jouer un rôle dans un hypothétique accord final sur le nucléaire iranien ? Cette question fait débat ces dernières semaines à Washington. Les élus du Congrès voudraient avoir leur mot à dire sur tout accord avec Téhéran. La Maison Blanche, jusqu'à hier, était opposée à cette initiative par crainte qu'elle ne mine les négociations en cours.
Finalement, un compromis a été trouvé, annonce le Huffington Post : en cas d'accord final sur le nucléaire iranien, Barack Obama ne pourra lever aucune sanction contre Téhéran directement. Pendant 30 jours, le Congrès aura la possibilité d'approuver la levée des sanctions, de voter contre ou de ne rien faire. Si jamais le Congrès votait contre la levée des sanctions, le président aurait alors 12 jours pour opposer son véto après quoi le Congrès disposera de dix jours supplémentaires pour surmonter ce véto par un nouveau vote à la majorité des deux tiers, détaille le Huffington Post.
Dans la presse américaine, les réactions à ce compromis sont pour le moins mitigées. Tandis que le quotidien conservateur Arizona Republic salue la détermination de la majorité républicaine au Congrès, détermination « qui a permis de redonner aux élus américains un rôle important dans les grandes décisions géopolitiques », le National Journal, également de tendance conservatrice, note ironiquement : « Si un bon compromis est celui qui permet aux deux camps de crier victoire, alors la Maison Blanche et les républicains au Congrès ont réussi leur coup hier ». Or pour le journal, « Barack Obama a réussi a sensiblement affaiblir le projet de loi initial en sa faveur ».
Pour les quotidiens libéraux, le texte qui a été adopté hier par la commission des Affaires étrangères du Sénat et qui doit maintenant passer les deux Chambres du Congrès, représente une menace pour les négociations en cours avec l'Iran. « L'action de la commission des Affaires étrangères du Sénat a considérablement affaibli le président », estime le New York Times. « Barack Obama est maintenant le seul dirigeant impliqué dans ces négociations qui pourrait ne pas être capable d'honorer ses engagements vis-à-vis de Téhéran. L'accord sur le nucléaire iranien est le fruit d'une négociation multilatérale», rappelle l'éditorialiste.
« Mais dans aucun autre des pays impliqués, à savoir la France, la Grande-Bretagne, la Chine, l'Allemagne et la Russie, le corps législatif a réclamé le droit de bloquer un hypothétique accord. Pire », renchérit le New York Times, « même si le Congrès arrivait à empêcher Barack Obama de lever les sanctions américaines contre l'Iran, l'Union européenne et le Conseil de Sécurité des Nations Unies, eux, pourraient tout de même les lever, minant ainsi la décision du Congrès ».
Pourquoi alors Barack Obama a-t-il accepté ce compromis ? Tout simplement parce qu'« il n'avait pas le choix », s'exclame le Washington Post. De nombreux démocrates soutiennent en effet cette initiative
Obama veut retirer Cuba de liste des États soutenant terrorisme
Autre négociation autre concession, Barack Obama a annoncé hier qu'il souhaitait retirer Cuba de la liste des États soutenant le terrorisme. « Cette annonce est d'ailleurs moins une concession de Barack Obama envers le régime castriste qu'une reconnaissance tardive d'un fait évident : Cuba ne soutient plus d'organisation terroriste », constate l'agence américaine Bloomberg.
« Le retrait de Cuba de la liste noire des États-Unis facilitera à La Havane l'obtention de crédits auprès d'institutions internationales de développement, comme la Banque mondiale », estime de son côté le Christian Science Monitor. « En revanche ce retrait n'accélérera probablement pas l'avancée des droits de l'Homme à Cuba ».
« Mais justement n'est-ce pas ça, l'important ? », s'interroge le Boston Herald. « Penser qu'amadouer des dirigeants autoritaires cubains pour changer la dictature, relève de la pure folie », estime l'éditorialiste. « Barack Obama ne fait qu'accorder de la légitimité au culte des Castros. Et il trahit ainsi les principes moraux et éthiques des Américains ».
Côté médias cubains, seul l'organe officiel Granma se contente de publier en Une la déclaration officielle de la directrice générale chargée des États-Unis au ministère cubain des Affaires étrangères : « Le gouvernement de Cuba reconnait la juste décision prise par le président des États-Unis ».