Bolivie: corruption, élections, et tensions pour Evo Morales

Des élections régionales et municipales se tiendront ce dimanche 29 mars en Bolivie. Et ce scrutin donne des sueurs froides au président socialiste, Evo Morales. Les électeurs devront notamment choisir 9 gouverneurs de régions et plus de 300 maires de communes.

De notre correspondant à La Paz,

C’est un scrutin qui ne se présente pas sous les meilleurs auspices pour le parti au pouvoir, le MAS. D'après les derniers sondages, le parti présidentiel « Mouvement Vers le Socialisme » pourrait notamment perdre la ville d'El Alto et la région de La Paz, des bastions politiques du président Morales. A El Alto, la ville symbole de la révolte de 2003 contre les gouvernements néolibéraux, c’est Soledad Chapetón, la candidate du parti de centre droit Unité nationale qui est en tête contre le maire sortant. Pour le poste de gouverneur de la région de La Paz, la candidate du MAS est donnée battue face à un ancien ministre d’Evo Morales, passé aujourd’hui à l’opposition de centre gauche. Enfin, l’opposition conserverait la ville de La Paz, ainsi que la riche région de Santa Cruz. Et ce alors que le président Evo Morales a été réélu dès le premier tour en octobre dernier et que son parti contrôle les deux tiers du Parlement.

Elections sur fond de corruption

De mauvais sondages reflètent les turbulences politiques que traverse en ce moment le parti au pouvoir, le MAS. Et le principal grief se nomme corruption. Depuis le mois de février, plusieurs affaires mettant en cause des personnalités proches du pouvoir ont été révélées et sont en cours d’instruction. Le principal dossier concerne le détournement de plus de 8 millions d’euros qui étaient destinés à financer des projets de développement dans les communautés indigènes du pays. Autre scandale : dix jours à peine avant le scrutin, le Tribunal Suprême Electoral a éliminé les 228 candidats du parti de droite Unité Démocrate dans la région amazonienne du Beni. Et parmi ces candidats, il y avait Ernesto Suarez, un farouche opposant à Morales, et favori pour le poste de gouverneur dans cette région que le MAS n’a jamais réussi à conquérir. C’est la divulgation d’un sondage par un membre du parti Unité Démocratique qui a entraîné la décision du tribunal. Une décision qui suit le règlement à la lettre mais qui a bien sûr jeté un énorme discrédit sur l’indépendance de l’organe électoral et donc sur les pratiques du parti MAS.

Le chef d'Etat sous tension

La campagne s’est clôturée ce mercredi 25 mars et le président Morales a jeté toutes ses forces dans la bataille, allant même parfois un petit peu loin. Même s’il a affirmé qu’il ne croyait pas aux sondages, Evo Morales était sur tous les fronts électoraux ces dernières semaines. On l’a notamment vu participer aux derniers meetings de campagne de ses candidats en difficulté. Avec parfois des arguments peu élégants. Le chef d’Etat a ainsi, à plusieurs reprises, menacé de ne pas financer de projets dans les villes où la droite l’emporterait, tout en assurant qu’il ne s’agissait pas là de chantage mais d’une question de loyauté des électeurs envers sa personne. Une attitude qui a provoqué la colère de l’opposition mais également de nombreux observateurs. Reste à savoir si cela suffira pour inverser la tendance qui s’est dessinée dernièrement, une tendance à ne pas confier les pleins pouvoirs à Evo Morales pour les cinq ans à venir. 

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