Pour Semana.com, le processus de paix est désormais entré dans une étape définitive. C’est la première fois depuis 1984 que le gouvernement suspend ses opérations contre la guérilla des Farc, rappelle le site qui parle d’une décision historique. L’annonce a été faite par le président Juan Manuel Santos en personne mardi soir lors d’une allocution télévisée. « Concernant le cessez-le-feu unilatéral et indéfini que les Farc ont annoncé le 18 décembre, il faut reconnaître qu’ils respectent leur engagement. Pour cette raison et afin d’impulser la désescalade du conflit, j’ai décidé de donner l’ordre au ministre de la Défense et aux commandants des forces armées de cesser les bombardements sur les camps des Farc durant un mois. » Selon El Pais.com, après la trêve unilatérale illimitée déclarée par les Farc en décembre, et l’accord entre les deux parties la semaine dernière sur le déminage, cette annonce augure d’un cessez-le-feu bilatéral.
L’ELN exhortée à prendre le chemin de la paix
Le chef de l’État se réserve toutefois le droit de recourir aux bombardements en cas de menaces sur la population. Selon l’analyste Ariel Avila, cette annonce sert aussi à exercer une pression contre l’ELN, l’autre guérilla, pour la pousser à négocier, rapporte El Tiempo. Le président Santos a déclaré qu’il allait intensifier les opérations militaires contre l’ELN à qui il reproche de ne pas s’engouffrer dans le chemin de la paix, rapporte Semana.
Cette décision a un double message, militaire et politique selon El Pais.com. La Colombie annonce ainsi à la société et au monde entier qu’elle est mûre pour le processus de paix. Il y aura certainement ensuite une annonce en matière de justice transitionnelle, un sujet encore bien délicat.
Réaction mitigée de l’armée
Pour l’armée, cette suspension temporaire n’affecte pas l’équation de la guerre, il s’agit d’une décision politique, selon un colonel de l’armée dans les colonnes d’El Pais.com. Les bombardements ont considérablement diminué les capacités des Farc, un ex-commandant des Forces armées colombiennes regrette même cette décision du chef de l’État car « la seule chose que craint la guérilla », dit-il, « ce sont justement ces bombardements ».
Pour l’analyste politique Jorge Restrepo cité dans El Tiempo, cette suspension est au contraire la réponse optimale, car elle oblige les Farc à rester dans ses cantonnements : « À partir d’aujourd’hui », dit-il, « ils savent que s’ils sortent de ces zones, ils deviendront des objectifs militaires ». Le chef des négociateurs pour le gouvernement colombien à La Havane Humberto de la Calle estime quant à lui qu’il ne s’agit pas d’un « cessez-le-feu déguisé », relèveEl Tiempo, mais d’une mise à l’épreuve des Farc qui devront respecter les règles du jeu.
Une commission pour la paix intégrée par des politiques de tous bords
Pour le sénateur du parti de la U Armando Benedetti, on est près d’un cessez-le-feu bilatéral « qui se traduira par la fin du conflit ». Et pour Clara Lopez de l’Alliance verte, « la paix avance assurément », rapporte El Tiempo. Le chef de l’État a fait part de la création d’une commission pour la paix, intégrée par des personnalités de tous bords. Selon Semana, l’ancien président Andrés Pastrana accepté l’invitation, comme il l’explique dans un entretien accordé à El Tiempo, en revanche son ex-rival présidentiel Oscar Ivan Zuluaga l’a déclinée.
Au Venezuela, le président Nicolas Maduro a demandé des pouvoirs spéciaux à l’Assemblée nationale
Nicolas Maduro a demandé aux députés des pouvoirs spéciaux « pour faire face aux agressions impérialistes des États unis », a-t-il déclaré ce mardi, écrit El Universal. Une loi que les députés ont approuvée en première lecture hier soir et qui sera en vigueur pour six mois. El Nacional informe que Nicolas Maduro a annoncé qu’il conduirait personnellement des exercices militaires ce samedi, car, a-t-il assuré, « le Venezuela a la force de se défendre, pour que personne ne touche à notre patrie. » Une escalade après la décision du président américain Barack Obama de qualifier la situation au Venezuela de « menace extraordinaire et inhabituelle pour la sécurité nationale et la politique extérieure des États-Unis » et sa décision de geler les avoirs et d’interdire de visa sept responsables vénézuéliens.
Pour le leader de l’opposition Henrique Capriles, cette nouvelle loi n’est qu’une excuse de plus pour ne pas résoudre les problèmes liés à la crise économique dans le pays, relève Ultimas Noticias. Selon El Espectador, le Venezuela apparaît comme le premier grain de sable entre les États-Unis et Cuba après l’annonce de reprise de leurs relations diplomatiques, alors que La Havane a réitéré son soutien indéfectible à Caracas face à Washington.
Aux États-Unis, un haut responsable de la ville de Ferguson démissionne
C’est une des conséquences directes du rapport du ministère de la Justice sur les dysfonctionnements et les violations des lois sur les droits civiques, explique le New York Times. Ferguson dans le Missouri, où Michael Brown, un jeune noir désarmé, avait été tué en août dernier par un policier blanc qui n’a pas été inculpé, ce qui avait provoqué des émeutes.
Le directeur des services de la ville de Ferguson John Shaw détenait beaucoup de pouvoir, mais parlait peu, écrit St Louis Post Dispatch. Selon le Washington Post, son départ sera un changement majeur pour Ferguson, car il était le chef de la ville, supervisait la police, désignait le juge municipal, et restait en place indéfiniment, tant que le conseil municipal ne décidait pas de le destituer. John Shaw a pour sa part assuré que ses services « n’avaient jamais donné instruction à la police de cibler les Afro-Américains, ni de falsifier des accusations pour infliger des amendes, ni commis d’abus sur le dos des pauvres ».