Avec notre correspondante à Port-au-Prince, Amélie Baron
La colère des opposants au président Martelly ne faiblit pas, et de nombreux étudiants se joignent désormais aux manifestations. Dans le brouhaha des revendications, Mayson Toussaint, qui a 29 ans et se dit écœuré par le gouvernement en place, s'arrête au micro de RFI et ne mâche pas ses mots :
« J'ai vécu et j'ai vu toutes les barbaries du gouvernement Martelly. Il ne cesse d'orchestrer la corruption et la vénalité de ce pouvoir. Aujourd'hui, c'est un devoir de mémoire de nous élancer dans cette démarche pour que la force mafieuse qu'incarne le petit président Martelly sache quand elle doit partir pour laisser le pays. Il n'y a pas d'autre alternative. »
Les manifestants réclament une nouvelle baisse des prix des carburants. Haïti, qui achète son pétrole au Venezuela sous forme de prêts à 1% d'intérêts, est dans l'incapacité de payer sa dette à Caracas. Elle s'élève à plus d'un milliard et demi de dollars. Pour Souverain Larose, c'est une honte. « Le pays est pauvre et ils vont laisser nos enfants et petits-enfants payer la dette Petrocaribe, s'insurge-t-il. On dit à Monsieur Martelly que son unique chance est de démissionner et d'aller en prison la tête baissée. »
Après plus de 5 heures de marche dans les rues de la capitale ce samedi, le cortège a été dispersé par la police qui a fait usage de gaz lacrymogènes, mais a aussi tiré à balles réelles sur la foule, faisant deux blessés. Les opposants n'entendent pas stopper pour autant leur mouvement et appellent à deux nouvelles journées de grève générale lundi et mardi en Haïti.