L'artiste plasticienne Tania Bruguera a été arrêtée trois fois en 72 heures début janvier 2015. Elle avait voulu organiser une performance sur la place de la Révolution à La Havane, pour que les Cubains s'expriment sur l'avenir de l'île après la reprise des relations diplomatiques avec les Etats-Unis. Elle se réjouit des 53 libérations, mais souhaite que les lois changent.
« Il y a eu de nombreuses irrégularités au cours des trois fois où j'ai été arrêtée, dénonce-t-elle. Une chose que beaucoup de gens ne comprennent pas, c'est que j'ai énormément de mal à trouver un avocat qui me défende, car tous les avocats font partie du système de l'Etat. C'est difficile pour un avocat de défendre un cas contre l'Etat, qui est son employeur. Il y a un conflit d'intérêts. Ce sont ces structures mêmes qui m'inquiètent. »
« Ce ne sont que de petits pansements sur des hémorragies »
Une grande partie des 53 prisonniers libérés, considérés par les Etats-Unis comme des dissidents, font partie de l'Union patriotique cubaine. Son porte-parole, Guillermo Farinas, se réjouit lui aussi de ces libérations. Mais il dit qu'il faut aller plus loin : « La première chose qu'il faudrait faire, c'est une réforme constitutionnelle et de l'arsenal législatif pour éliminer toutes les lois et décrets contre la liberté d'opinion et d'information, et les libertés économiques. »
« Alors, ajoute-t-il, on pourrait dire qu'on a une feuille de route vers la démocratie. En attendant, ce ne sont que de petits pansements appliqués sur des hémorragies, et rien ne sera résolu tant que les lois ne seront pas modifiées, et surtout la conception hégémonique du parti unique. » Selon la Commission des droits de l'homme et de la réconciliation nationale, il resterait à Cuba un peu plus d'une quarantaine de prisonniers politiques.
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