Mexique: face à la pression de la rue, Peña Nieto réforme la police

Au moment même où onze corps décapités étaient retrouvés au bord d’une route près d’Iguala, dans l’Etat de Guerrero, jeudi, le président mexicain Enrique Peña Nieto présentait un train de mesures pour améliorer la politique sécuritaire dans le pays.

Avec notre correspondant à Mexico, Patrick John Buffe

Soumis à la pression de la rue et confronté à une crise sans précédent, le président mexicain n’a pas eu d’autre choix que de proposer des réformes pour combattre la criminalité, la corruption et l’impunité. Des tares qu’a mises en évidence la tragédie d’Iguala, où 43 étudiants ont disparu depuis deux mois maintenant, sans que l’on sache s’ils sont vivants ou s’ils ont été assassinés par des narcotrafiquants.

Enrique Peña Nieto a donc présenté, jeudi, dix mesures pour établir un véritable Etat de droit et renforcer la justice au Mexique. Le plan de sécurité proposé par le président se veut ambitieux, même si l’opposition le considère déjà comme insuffisant. On retiendra toutefois deux mesures qui visent directement les municipalités et qui sont censées éviter que ne se répète une tragédie comme celle d’Iguala.

Dissolution des polices municipales

La première prévoit la dissolution des polices municipales. Elles seront remplacées dans chaque Etat fédéré par un corps de police unique, que le gouvernement précédent avait déjà d’ailleurs vainement tenté de mettre en place. Pour le président Peña Nieto, il s’agit là de la création d’un nouveau modèle policier : « Cela signifiera passer de plus de 1800 polices municipales faibles, qui peuvent être facilement corrompues par la délinquance, à 32 solides corporations de sécurité dans tous les Etats, en qui on puisse avoir confiance, qui soient plus professionnelles et davantage efficaces », a-t-il expliqué.

L’autre mesure devra permettre au gouvernement fédéral de surveiller le bon fonctionnement des municipalités, et même de les dissoudre quand il existe des indices suffisants que l'autorité locale est impliquée dans le crime organisé. Ce fut le cas du maire d’Iguala, lié étroitement à un cartel régional de la drogue auquel il avait commandité l’enlèvement et la disparition des 43 étudiants d’Ayotzinapa.

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