Avec nos correspondants à New York et Washington, Karim Lebhour et Anne-Marie Capomaccio
Faute d’avoir pu obtenir l’une des 18 000 places du Madison Square Garden, c’est sur Times Square que les partisans de Narendra Modi se sont rassemblés pour suivre son discours sur écran géant. Krishna a fait le voyage depuis la Pennsylvanie pour être là : « C’est un excellent orateur capable de rassembler tous les Indiens. Il me rappelle Barack Obama il y a huit ans avec son "Yes We Can" ».
La foule agite des drapeaux indiens sous le regard curieux des touristes. Prashant ne tarit pas d’éloges sur ce vendeur de thé devenu Premier ministre ; même l’absence de haut-parleur n’entame pas son enthousiasme : « Je suis content d’être là même s’il n’y pas de haut-parleur. En rentrant je pourrai voir le discours sur YouTube autant de fois que je le veux ». Sur l’écran, l’image géante de Narendra Modi domine Times Square. Un revanche pour l’homme qui était interdit d’entrée sur le territoire américain pendant près de 10 ans et qui dînera ce lundi à la Maison Blanche.
Retour en grâce
Narendra Modi a en effet de quoi jubiler, cette visite marque son retour en grâce auprès de Washington, après presque dix ans d'interdiction de séjour suite aux émeutes meutrières survenues contre les musulmans en 2002 dans l'Etat du Gujarat qu'il dirigeait alors. L'affaire l'a rattrapé sur le sol américain, une association de défense des droits de l’homme vient de déposer plainte contre lui au nom de deux survivants. La procédure ne devrait pas prêter à conséquence, mais elle fait tâche.
Barack Obama et Narendra Modi devront dissiper d'autres sujets de discorde, notamment un conflit commercial devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
Face aux enjeux de la coopération indo-américaine les deux hommes auront à coeur de sceller la réconciliation. Les enjeux sont d’abord économiques. Narendra Modi vient chercher des investissements auprès des grandes entreprises pour son programme de développement industriel. l'Inde doit créer des millions d’emploi pour répondre à son essor démographique, son avenir en dépend. C’est dans une tribune publiée par le Wall Street Journal que Narendra Modi a choisi de s’adresser aux décideurs américains.
Agenda chargé
Son agenda est chargé : General Electric, Boeing, la banque Citigroup, Pepsi Cola entre autres... Narendra Modi va rencontrer une quinzaine de dirigeants des entreprises les plus importantes des Etats-Unis. L’objectif affiché est de tenter de les convaincre de revenir investir dans son pays. Les investissements directs américains ont en effet baissé de 60% ces cinq dernières années avec 800 millions de dollars pour la dernière année fiscale. Narendra Modi va certainement réitérer sa promesse d’une plus grande ouverture des secteurs d’investissement et d’une simplification des démarches administratives.
Il y a de forts enjeux diplomatiques ensuite, car en Asie, l'Inde fait contrepoid à la montée en puissance de la Chine. Et des enjeux stratégiques aussi : l'avenir de l'Afghanistan et la lutte contre les terroristes jihadistes seront au programme des discussions. Pour la Maison Blanche, cette visite est donc de la plus haute importance, Narendra Modi sera logé à Blair House, la résidence des hôtes de marque.