Avec notre correspondante à Shangaï, Delphine Sureau
L'entrée d'Alibaba à Wall Street devrait permettre de lever entre 15 et 25 milliards de dollars, soit plus que Facebook qui avait atteint les 16 milliards lors de son entrée en bourse. Alibaba, c'est un mélange d’Amazon, pour le commerce en ligne, avec Taobao, la plateforme sur laquelle on peut tout acheter en Chine, une sorte de Paypal également, dont il copie les moyens de paiement.
A noter que Yahoo détient un quart du capital d’Alibaba. Le géant de l’internet chinois a annoncé son dernier rachat mercredi. Il va absorber son compatriote UC Web, dont il contrôlait déjà 66% des parts. C’est la plus grosse fusion de l’histoire de l’internet chinois. UC Web gère un navigateur pour smartphones, et Alibaba qui perd du terrain sur l’internet mobile en a bien besoin pour sécuriser ses ventes en ligne.
Des acquisitions tous azimuts pour séduire les investisseurs
C’est la troisième opération dévoilée par Alibaba en l’espace d’une semaine. Un partenariat avec la poste chinoise pour sécuriser la livraison des achats en ligne a été annoncé. Il va aussi lancer une plateforme de divertissement avec le puissant Shanghai Media Group, après s’être allié avec Yukou-Tudou, le Youtube chinois. Le groupe s’intéresse aussi au sport. Il a annoncé la semaine dernière le rachat de la moitié des parts du club de football Guangzhou Evergrande, vainqueur de la Ligue des champions d'Asie et champion de Chine en titre. Une diversification tous azimuts donc, Alibaba veut grossir pour mieux séduire.
Wall Street, un pari
Mais Alibaba sera-t-il capable de grossir à l’étranger ? Les investisseurs s'interrogent. Le Chinois a créé une plateforme de vente en ligne destinée au marché américain. Elle regroupera des vendeurs de petite taille, confidentiels, que l’on ne trouve ni sur Amazon ni sur Ebay. Est-ce que cela suffira à convaincre les investisseurs particulièrement frileux face aux entreprises chinoises, généralement secrètes sur leurs performances financières ? Rien n’est moins sûr. Les introductions à Wall Street peuvent être décevantes. Ce fut le cas de Weibo, le Twitter chinois, qui a dû revoir la taille de son opération, il y a quelques semaines. Pourtant, Yahoo assure qu’Alibaba est solide. Son profit aurait plus que doublé entre 2012 et 2013, pour atteindre 1 milliard 400 millions de dollars. C’est trois fois plus que Facebook, huit fois plus qu’Amazon sur la même période. Le patron du groupe, Jack Ma, cherche en tout cas à mettre toutes les chances de son côté. Il aurait choisi le 8 août pour cette introduction à Wall Street. Le chiffre 8 est un super porte-bonheur en Chine.