Avec notre correspondante à Québec, Pascale Guéricolas
Les résultats de l'enquête à laquelle se sont livrés deux magazines canadiens pendant un an donnent froid dans le dos. MacLean's et L'Actualité ont évalué le nombre d'agressions sexuelles subies par des membres des forces armées à cinq par jour à travers le Canada.
Des agressions qui vont d'attouchements à des viols collectifs, et commises sur des femmes soldats dans les casernes, en passant par du harcèlement sexuel pratiqué pendant des années.
Indifférence des autorités
En dépouillant des documents internes de l'armée, les journalistes ont constaté que certaines victimes ont tenté en vain d'obtenir justice. Une femme, agressée par un collègue sur une base militaire, a même vu son avancement interne bloqué parce qu'elle dénonçait son agresseur. Elle a fini par démissionner.
Selon plusieurs observateurs, cette relative indifférence des autorités face à la violence sexuelle proviendrait de la force de l'esprit d'équipe au sein de l'armée. De plus, le Canada a choisi de conserver une justice militaire, même en temps de paix, contrairement à plusieurs autres pays occidentaux.
Pour les victimes, il est beaucoup plus difficile de confronter les agresseurs au sein de ce système très hiérarchisé par rapport à un tribunal civil.
→ A (RE)ECOUTER : Peut-on lutter contre les violences sexuelles dans l'armée ?