L’émotion est palpable dans les articles que les journaux consacrent à cette immense figure de la littérature mondiale. Du New York Times au journal officiel cubain Granma en passant bien sûr par la presse colombienne, ils sont unanimes à rendre un vibrant hommage à « Gabo », comme on avait coutume de l’appeler en Amérique latine.
« Maître Gabo, repose en paix » titre le journal colombien El Universal de Cartagena, ce journal où le 20 mai 1948 un jeune étudiant en droit s’est présenté dans le bureau du rédacteur en chef en disant : « Je m’appelle Gabriel García Márquez et j’aimerais travailler ici ». Une scène racontée par El Espectador qui ajoute que le jeune étudiant a été embauché sur le champ.
Macondo est en deuil
« Macondo esta de luto », « Macondo est en deuil » titre un autre journal colombien, El Tiempo. Macondo, c’est le nom du fameux village imaginaire de Cent ans de solitude, le célèbre roman de Gabriel García Márquez, considéré par le quotidien brésilien O Estadao comme l’auteur de langue espagnole le plus important depuis Cervantes. Granma pour sa part déplore la mort du « fils de Macondo, du journaliste intègre et de l’ami intime du leader de la révolution cubaine Fidel Castro ». Sur une photo publiée par Granma on voit d’ailleurs le président Fidel Castro décorer l’écrivain de l’ordre Félix Varela, la plus haute distinction de la culture cubaine.
Beaucoup d’émotion aussi dans la presse du Mexique où l’écrivain colombien vivait depuis les années 1960. « Gracias ! », « merci ! » titre le journal La Prensa en ajoutant une phrase de l’auteur sur la mort : « son seul problème, c’est qu’elle est définitive ». Mais, selon le quotidien, l’œuvre survivra à son créateur : « le réalisme magique l’illuminera pour toujours. Comme ses personnages de roman, il vivra éternellement », estime La Prensa. « Et voilà qu’à 87 ans, entouré de sa famille, Gabriel García Márquez a terminé la plus grande de toutes ses histoires, la sienne », écrit El Sol de Mexico. Le journal cite un ami journaliste colombien, Santiago Gamboa qui ne tarit pas d’éloges sur l’intellectuel défunt : « Gabo » était un colombien qui « grâce à son talent littéraire a transformé un coin du monde en un territoire universel, un territoire qui appartient à tous les lecteurs de la planète, à ceux d’aujourd’hui et de demain ». « C’est un génie et un géant de la littérature universelle qui s’en va », estime le journal argentin La Voz. « Son œuvre majeure 'Cent ans de solitude' raconte de façon allégorique l’histoire de la Colombie et de toute une région, celle de l’Amérique latine. A travers la saga de la famille Buendia, Gabriel García Márquez a non seulement écrit le roman fétiche du fameux boom latino-américain, mais le roman le plus influent de la littérature latino-américaine ».
Vivre pour raconter
Une région à laquelle il a rendu hommage dans son discours de réception du prix Nobel, en 1982. L’Amérique latine, « cette immense patrie d'hommes hallucinés et de femmes historiques dont l'obstination infinie se confond avec la légende ». Le site de Radio Métropole Haïti a choisie de publier l’intégralité de ce discours. D’ailleurs les hommages rendus à Gabo regorgent de citations tirées de ses œuvres littéraires. Le journal colombien El Tiempo propose à ses lecteurs celle que l’auteur a choisi pour introduire ses mémoires : « La vie n'est pas ce que l'on a vécu, mais ce dont on se souvient et comment on s'en souvient ».