Trois jours de deuil national ont été décrétés et tous les drapeaux du pays mis en berne, rapporte notre correspondante en Colombie, Marie-Eve Deteuf. La mort de l’écrivain Gabriel García Márquez est vécue en Colombie comme un événement historique. « Mille ans de solitude et de tristesse pour la mort du plus grand Colombien de tous les temps », a annoncé le président colombien Juan Manuel Santos sur son compte Twitter, en référence à son chef d'œuvre Cent ans de solitude. « Les géants ne meurent jamais », a-t-il ajouté.
Quelques heures plus tard, lors d'une allocution à la télévision, Juan Manuel Santos a évoqué « le plus grand Colombien de tous les temps ». « Gloire à celui qui nous a donné la gloire », a conclu le président.
Dans un pays connu pour sa cocaïne et ses guérillas, Gabriel García Márquez est la fierté de la nation. Et un des rares motifs de consensus. Evidemment, sur le plan politique, Gabo n’a pas fait l’unanimité. Mais hier soir, l’idéologie s’est effacée. Seule restait le géant, l’écrivain adulé. Et la tristesse de tout un peuple.
De Barack Obama aux Farc
Dans un communiqué Barack Obama a également fait référence au roman phare de l'écrivain colombien. « J'ai eu le privilège de le rencontrer une fois à Mexico où il m'a offert un exemplaire dédicacé du livre, que je chéris encore aujourd'hui », a déclaré le président américain. Pour lui, « avec le décès de Gabriel García Márquez, le monde a perdu un des ses plus grands écrivains visionnaires, et l'un de mes préférés quand j'étais jeune ».
Un autre ancien président américain, celui qui l'avait réhabilité aux yeux de l'administration américaine, Bill Clinton, a aussi fait part de sa tristesse. « Depuis le temps où j'ai lu Cent ans de solitude, il y a plus de 40 ans, j'ai toujours été stupéfait par ses dons uniques d'imagination, de clarté de pensée et d'honnêteté émotionnelle (...) J'ai été honoré d'être son ami et de connaître son grand coeur et son esprit brillant pendant plus de vingt ans ».
Le président mexicain Enrique Peña Nieto estime lui qu' « avec son œuvre, Garcia Marquez a rendu universel le réalisme magique latino-américain, marquant la culture de notre temps ». Et de rappeler que, né en Colombie, l'écrivain avait fait du Mexique « son foyer, enrichissant ainsi notre vie nationale ».
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En Amérique latine, hommage unanime également ont encensé la mémoire de l'écrivain.
Pour le président équatorien Rafael Correa, « Gabo nous a quitté, nous allons avoir des années de solitude, mais il reste ses œuvres et son amour pour la Grande Patrie [l'Amérique latine, NDLR]. Jusqu'à la victoire toujours, cher Gabo ! » Pour la présidente brésilienne Dilma Rousseff, « ses personnages uniques et son Amérique latine exubérante resteront gravés au cœur de la mémoire de millions de lecteurs ». Tandis que pour le président du Venezuela, Nicolas Maduro, « Gabo a laissé son empreinte spirituelle gravée dans la nouvelle ère de notre Amérique ».
La guérilla colombienne des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) a également présenté ses condoléances. « Une perte pour la Colombie, une perte pour le monde avec le décès de Gabo », déclarent les Farc sur leur compte Twitter.
Ses camarades écrivains latino-américains lui ont aussi rendu hommage. L'écrivain péruvien Mario Vargas Llosa, autre prix Nobel latino-américain et qui fut un proche ami de Garcia Márquez, assuré que « ses romans vont lui survivre et continuer de gagner des lecteurs partout ». Pour l'auteur brésilien à succès Paulo Coelho, García Márquez « a brisé le mur entre la réalité et la fantaisie, ouvrant la voie à toute une génération d'écrivains sud-américains ». La romancière chilienne Isabel Allende a indiqué à l'AFP que García Márquez « fut la voix qui a raconté au monde qui nous sommes et a nous a montré à nous Latino-américains qui nous sommes dans le miroir de ses pages ». « La seule consolation est que son œuvre est immortelle ».