Venezuela: l’opposant Leopoldo Lopez va être auditionné en prison

La première audience de Leopoldo Lopez, l'ennemi numéro 1 de Nicolas Maduro, devait avoir lieu ce mercredi 19 février au palais de justice de Caracas. Sa comparution devant la justice a été plusieurs fois différée dans la journée. Et coup de théâtre : l'audience aura finalement lieu au centre des accusés militaires de la prison où il est détention depuis ce mardi.

« Une mesure de sécurité ». C'est la justification pour ordonner la comparution de Leopoldo Lopez dans les prochaines heures, à l'intérieur de la prison militaire de Ramo Verde où il est incarcéré après s’être rendu aux forces de sécurité militaires mardi 18 février.

Ce mercredi, environ 200 étudiants ont attendu aux abords du palais de justice pour manifester leur soutien à l'opposant politique, rapporte notre correspondant à Caracas, Julien Gonzalez. Le tribunal a alors décidé de « suspendre l'audience pour préserver l'intégrité physique de Leopoldo Lopez ».

Pour le gouvernement, cette arrestation est justifiée comme la garantie de la protection de Leopoldo Lopez. Dans une allocution, le chef de l'État Nicolas Maduro a évoqué « une tentative d'assassinat de la part de la droite sur la personne de Leopoldo Lopez ». L'enjeu : « provoquer une tragédie et rejeter la faute sur le gouvernement ». Ce mercredi soir, le président Nicolas Maduro a même parlé d'un « accord à l'amiable pour permettre la reddition de Leopoldo Lopez ».

Figure de l'opposition

Leopoldo Lopez, 42 ans, fondateur du parti Voluntad Popular (droite), est visé par un mandat d'arrêt pour homicide et incitation à la délinquance depuis une manifestation ayant fait trois morts la semaine dernière à Caracas. Ce n'est pas son premier accrochage avec le gouvernement. Ses ennuis avec les autorités socialistes (chavistes) remontent au début des années 2000.

Cela fait plus de 10 ans que Leopoldo Lopez est dans la ligne de mire du pouvoir. En 2002, alors jeune maire de Chacao, un quartier huppé de Caracas, il a participé aux grandes manifestations contre Hugo Chavez, qui ont débouché sur un coup d'Etat. Depuis, ce fils de bonne famille, diplômé de Harvard et père de deux enfants est resté sur une ligne résolument anti-chaviste.

En 2008, accusé de corruption, il perd son éligibilité pendant un an. En 2011, Leopoldo Lopez est à nouveau privé de ses droits politiques, cette fois-ci pour trois ans. Ce qui l'empêche de se présenter à la mairie de Caracas et à l’élection présidentielle de 2012.

Populaire parmi les étudiants de la classe moyenne, d'allure sportive, il incarne l'opposition de droite radicale. Celle qui veut obtenir la chute du gouvernement par la mobilisation dans la rue.

Sous le coup d'un mandat d'arrêt, il organise sa reddition mardi devant les caméras de télévision. Une stratégie habile qui lui assure à fois une grande médiatisation et une certaine protection. Le gouvernement du coup est confronté au dilemme suivant: comment juger Leopoldo Lopez sans en faire un martyr.

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