À la Une: au Venezuela, poursuite des manifestations estudiantines

Le président vénézuélien Nicolas Maduro a annoncé hier lors d’un discours à la télévision l’expulsion de trois représentants consulaires américains, sans donner leurs noms. Il les accuse de conspiration, relève La Voz de Venezuela. Le président reproche aux États-Unis de soutenir l’opposition dans sa tentative de renverser son gouvernement socialiste, ce que réfute le gouvernement américain, écrit le Washington Post. Il s’agit de la troisième expulsion de fonctionnaires américains accusés de s’immiscer dans les affaires intérieures du pays, relève Cubadebate. Le président vénézuélien s’en est pris aussi à la communauté vénézuélienne établie au Mexique, que Nicolas Maduro accuse également de conspiration, rapporte El Excelsior.

Le secrétaire d’État américain John Kerry s’est dit préoccupé par la situation dans le pays et a appelé au dialogue entre les parties. « Je ne reçois d’ordres de personne », a rétorqué Nicolas Maduro.

La polarisation déjà très présente dans le pays s’accentue entre pro et anti chavistes

Cubadebatepublie un communiqué du Réseau d’intellectuels, artistes et mouvements sociaux qui défendent les droits de l’homme contre la violence fasciste au Venezuela. Selon eux, cela fait plusieurs semaines que « la droite fasciste au Venezuela mène des actions de déstabilisation soutenue par les agences de renseignement de l’impérialisme ». Il faut respecter le caractère pacifique de la révolution bolivarienne, écrivent-ils. « L’opposition fait monter les enchères et défie Maduro avec encore plus de manifestations », titre La Nación en Argentine. Mais les gens sont de plus en plus divisés au sein de l’opposition vénézuélienne : d’un côté, le leader historique de Primero Justicia Henrique Capriles selon lequel le gouvernement de Maduro se renforce grâce à la violence, écrit La Nación, et de l’autre les plus radicaux, proches de Leopoldo López, qui ne veulent pas abandonner la rue.

D’autres manifestations sont prévues ce mardi à l’appel de cet opposant que Nicolas Maduro accuse d’être responsable des violences

Le leader de Voluntad Popular, Leopoldo López a convoqué une grande manifestation ce mardi jusqu’au ministère de l’Intérieur et de la Justice, rapporte El Universal, pour demander la libération des manifestants arrêtés, exiger le droit à manifester, et le désarmement des groupes paramilitaires responsables selon lui de la mort des trois manifestants mercredi. « Je serai là pour assumer mes actes » a-t-il assuré, disant vouloir se rendre ensuite aux forces de l’ordre, rapporte El Nacional du Venezuela.

Certains se posent la question de la pérennité du modèle vénézuélien

Le chavisme est secoué par les manifestations depuis deux semaines, écrit El Nuevo Herald de Miami. Selon Folha de Sao Paolo, « Maduro n’a pas le courage d’affronter la rue et s’enfonce dans les erreurs de Chávez, avec une politique économique suicidaire et une dépendance croissante des forces armées ». El Universal va plus loin et pose la question de « la fin d’un modèle », et pas seulement l’implosion d’un gouvernement ou du chavisme : la fin du modèle politicoéconomique instauré depuis 40 ans, et que l’éditorialiste appelle « pétropopuliste ». « Comme nous le pensions, écrit-il, la société civile a surmonté les politiques. Lors des manifestations, nous entendions scander : je ne suis pas Capriles, je ne suis pas Maduro, je suis un étudiant et je pense à mon futur », relève-t-il. Mais avec le pétrole est apparu « le populisme qui a sapé les bases de nos institutions ». Le modèle pétropopuliste est « un modèle de conflits, de mafias et de contrôles qui a besoin des pauvres comme base de sa clientèle politique », écrit-il, un modèle « qui ne sort pas les gens de la pauvreté, mais qui la reproduit et qui ne conduit qu’aux pénuries », conclut l’éditorialiste d’El Universal.

Enfin en Colombie, de nouvelles révélations sur des affaires de corruption au sein de l’armée

Le site Semana.com a révélé le contenu de conversations téléphoniques entre militaires de haut rang qui mettent en évidence des marchés truqués et des détournements de fonds. Un des hauts gradés mis en cause, le colonel Robinson Gonzalez del Río, est actuellement incarcéré dans une prison militaire, reconnu coupable d’avoir couvert les fameux « faux positifs », des assassinats de civils déguisés en guérilleros par les militaires, un scandale révélé en 2008. Il serait question de corruption, mais aussi de trafic d’influence pour dénoncer des magistrats qui ont mis derrière les barreaux des militaires pour ces assassinats. Cité dans El Tiempo, le président Juan Manuel Santos a qualifié ces révélations d’extrêmement graves, et a demandé une enquête approfondie.

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