Avec notre correspondant à Caracas, Julien Gonzalez
C'est directement la politique du gouvernement de Nicolas Maduro qui est visée, à savoir le contrôle du taux de change. En clair, les restrictions à la libre circulation des dollars dans le pays empêchent les journaux de pouvoir importer du papier et donc d'imprimer.
Les manifestants ont été catégoriques : « Sans papier, il n'y a pas de journaux. Et sans journaux, il n'y a pas de démocratie ». Ils dénoncent donc une forme de censure économique et défendent la liberté de la presse. Au total, 12 journaux régionaux ont déjà du mettre un terme à leur édition et 15 sont actuellement très affectés.
Les journaux nationaux aussi touchés
Pour les grands quotidiens nationaux, les difficultés sont les mêmes. Ils ont été contraints de réduire le nombre de pages. Et surtout, les réserves propres de papier commencent à manquer. L'un des grands titres, El Nacional « pourrait continuer à paraître, jusqu'à la fin du mois d'avril ». Pas plus.
Ainsi, exceptés certains rares journaux « officiels » qui soutiennent le gouvernement et qui sont soumis à d'autres règles d'importation, c'est bien tout le secteur de la presse qui est à terme menacé.
Pas de réponse du gouvernement de Nicolas Maduro
Pour le gouvernement, la presse est vecteur d'opposition. Ce mardi, les manifestants n'ont obtenu aucune réponse de la part du responsable du Commerce extérieur, en charge du contrôle des devises. Les autorités refusent pour l'instant le dialogue.
Le président de l'Assemblée nationale et numéro 2 du parti au pouvoir Diosdado Cabello s'en était d'ailleurs pris aux patrons de presse lundi 10 février. « Des parasites » selon lui. Mais surtout, le président Nicolas Maduro a lancé un avertissement à l'encontre des médias : « leur heure va bientôt arriver ». Car selon le mandataire vénézuélien, ils alimenteraient « le sang et la mort ».
La presse n'était pas seule à manifester
On peut parler d'un nouveau test pour le président de la République. Lors de cette manifestation, plusieurs drapeaux du parti politique d'Henrique Capriles, le leader de l'opposition, ont flotté dans les airs ce mardi aux côtés des journalistes. L'opposition politique qui a d'ailleurs convoqué une nouvelle manifestation ce mercredi, cette fois-ci dans plusieurs villes du pays.
Mais c'est surtout la révolte des étudiants qui peut augmenter la pression face au gouvernement. Plusieurs centaines manifestent depuis une semaine dans l'Etat de Tachira, dans l'Ouest du pays. Ils protestent contre l'insécurité depuis quelques jours. Mais après l'arrestation de cinq étudiants le week-end dernier, la tension semble monter d'un cran. Ils ont promis de manifester en masse ce mercredi. Leur première revendication : « la libération immédiate de leurs camarades, sans quoi le dialogue n'aura pas lieu ».