Avec notre correspondant à Buenos Aires, Jean-Louis Buchet
Il n’y a pas d’inflation mais on bloque les prix ! Tel est le discours contradictoire que tient le gouvernement argentin. Alors que les instituts privés estiment l’inflation à 25% par an, officiellement elle ne serait - que - de 11%. Personne n’y croit, mais beaucoup s’en accommodent.
Les salariés régis par des conventions collectives obtiennent chaque année des augmentations au moins égales à l’inflation réelle. Les professionnels ajustent leurs tarifs à la hausse, et les industriels font pareil pour leurs prix. Ainsi, ils préservent leur pouvoir d’achat.
30% de la population sans convention collective
Ce n’est pas le cas des travailleurs informels – 30% de la population quand même - et de catégories professionnelles qui n’ont pas de conventions collectives parce que leurs membres ne peuvent être syndiqués. Comme la police. Et c’est parce que leurs salaires ne suivaient pas l’inflation que les policiers de plusieurs provinces ont fait grève il y a deux semaines.
Après quoi, en l’absence de forces de l’ordre, magasins et supermarchés ont été saccagés et pillés. Dans certains endroits, sous la direction de policiers. Derrière eux, des délinquants, mais aussi des gens venus de quartiers populaires où tout le monde travaille au noir. C’est en pensant à eux que le gouvernement a signé un accord avec la distribution et certains secteurs industriels, bloquant les prix de 187 produits de grande consommation. Sans trop d’illusions, si ce n’est de passer des fêtes tranquilles...