Nom de code «Stateroom»: le document qui accuse l’Australie de complicité avec la NSA

L'Australie rejoint les Etats-Unis au banc des accusés dans le scandale des écoutes orchestrées par la NSA, l'agence américaine de la sécurité nationale. D'après un document interne de l'agence, transmis par Edward Snowden à l'hebdomadaire allemand Der Spiegel, les pays européens ne sont pas les seules victimes des écoutes américaines. L'Asie-Pacifique découvre qu'elle aussi est étroitement espionnée, avec l'aide active de l'Australie.

Avec notre correspondante à Melbourne, Caroline Lafargue

Des antennes dissimulées dans des armoires techniques, sur des toits d'immeubles ou dans d'autres recoins de l'architecture des ambassades australiennes. D'après le document de la NSA - nom de code « Stateroom » - publié par Der Spiegel, la majorité des diplomates ne le savent pas, mais les grandes oreilles australiennes seraient à l'écoute dans toutes les capitales d'Asie-Pacifique. Les écoutes seraient menées en Thaïlande, au Vietnam, en Malaisie, en Chine, au Timor oriental, en Papouasie Nouvelle-Guinée et, surtout, en Indonésie.

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« Comme si c'était une surprise », répètent en chœur les journalistes et les spécialistes australiens de l'espionnage. La révélation n’est en effet pas très surprenante. L'Australie et les Etats-Unis sont en effet liés par un accord de coopération en matière de renseignement : le programme « Five eyes », qui inclut également le Canada, la Nouvelle-Zélande et la Grande-Bretagne.

L'Indonésie dénonce une « violation des normes diplomatiques »

Il faut apprendre à tenir sa langue, explique en substance un ancien officier australien du renseignement. Selon lui, les Indonésiens sont « bien trop loquaces : ils continuent à parler, même quand ils savent qu'ils sont écoutés par leur propre service indonésien du renseignement ».

A Jakarta, Marty Natalegawa, le ministre indonésien des Affaires étrangères, parle « d'une violation des normes éthiques et diplomatiques ». Et l'ambassadeur australien en Indonésie, Greg Moriarty, a été convoqué. Il est ressorti une demi-heure plus tard, décontracté, mais mutique.

De son côté, la Chine a demandé des explications à Washington et à Canberra. Quant à la Papouasie-Nouvelle-Guinée, elle refuse de croire à ces allégations d'espionnage et réitère son soutien à l'Australie.

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