Ecoutes de la NSA en Europe: discussion à huis clos entre eurodéputés et responsables américains

Des eurodéputés sont à Washington. Ils ont rencontré lundi 28 octobre Mike Rogers le président républicain de la Commission du renseignement à la Chambre des représentants. Une rencontre à huis clos mais le dialogue a peut-être été tendu car si Mike Rogers défend le principe des écoutes, les eurodéputés demandent des comptes.

Avec notre correspondante à Washington, Anne-Marie Capomaccio

Aucun journaliste n’était présent lors de l’entretien de ce lundi 28 octobre entre les eurodéputés et le président de la Commission du renseignement américain. Nous devons donc nous contenter des déclarations recueillies après la réunion.

Pour les eurodéputés, « la confiance est ébranlée » a déclaré l'eurodéputé allemand Elmar Block. Pour Mike Rogers : « Des progrès ont été réalisés, cette confiance doit être reconstruite et la défiance ne doit pas se baser sur du ressenti mais sur des faits.» Le président de la Commission du renseignement a par ailleurs assuré qu’une délégation d’élus américains se rendrait bientôt en Europe.

Les eurodéputés poursuivent ce mardi 29 octobre leur marathon d’entretiens au Congrès, où ils seront reçus par des élus. Ils verront dans l’après-midi des responsables des services de renseignements, sans que l’on sache encore si le général Alexander, le patron de la NSA, leur accordera un rendez-vous.

La Maison Blanche continue de se débattre dans des explications

Elle fournit maintes excuses sans toutefois reconnaître de faute de la part de ses services de renseignements. Jay Carney, le porte-parole, distille des informations et fait de son mieux pour ne pas répondre aux questions précises qui lui sont posées. On ne saura donc pas si Barak Obama est au courant du détail des écoutes.

On a tout de même appris lundi que l’audit sur les procédures en cours à la NSA sera rendu public à la fin de l’année. Pour le reste, les arguments de la défense restent immuables : « les Etats-Unis écoutent pour des raisons de sécurité nationale et internationale. L’audit en cours a pour but de vérifier que les procédures respectent la loi et ne violent pas la vie privée des citoyens ».

 


Une rupture marquée

« Si cette affaire d'espionnage se confirmait, alors il y aurait une rupture de confiance entre l'Espagne et les Etats-Unis », explique notre correspondant à Madrid, François Musseau. Les termes employés par Jose Manuel Garcia Margallo, le ministre des Affaires étrangères espagnol marquent une rupture.

Jusqu'alors, à Madrid, on faisait comme si de rien n'était. Alors que d'autres grands pays européens manifestaient leur colère, l'Espagne jouait la modération, tentait d'arrondir les angles et de minimiser la gravité de la mise sur écoute par les Etat-Unis, on parle ici de 60 millions d'appels.

On peut dire qu'il y a rupture parce que, vis-à-vis de l'opinion publique, les autorités conservatrices, historiquement très pro-américaines, sentent bien qu'elles ne peuvent plus faire la politique de l'autruche. Il s'agit donc désormais d'appeler un chat un chat et d'affirmer haut et fort « qu' il s'agit d'une pratique inacceptable ».

Reste que, si le langage s'est musclé, si l'indignation est maintenant officielle, il est peu probable qu'il y ait des sanctions concrètes. S'il y a une fronde européenne, l'Espagne suivra le mouvement mais, en coulisse, on assure que le pays ne prendra aucune initiative en solitaire.

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