Espionnage: les Etats-Unis ont des grandes oreilles, l'Union européenne a plusieurs voix

Ce mercredi 30 octobre avait lieu une conférence de presse de la délégation européenne venue demander des explications à Washington sur les dizaines de millions de communications interceptées et stockées par les services de renseignements américains. Le patron de la NSA a déclaré mardi sous serment devant le Congrès, que ces écoutes ont été fournies aux services américains par leurs homologues européens. La délégation européenne était embarrassée.

Avec notre correspondante à Washington,Anne-Marie Capomaccio

Les eurodéputés demandent à vérifier les déclarations du général Alexander. La délégation a finalement été reçue hier soir par le patron de la NSA, qui plus tôt dans la journée avait expliqué que la presse européenne avait mal interprété les documents d’Edward Snowden.

Et si le rendez-vous s’est bien déroulé, les eurodéputés expliquent qu’ils n’ont pas immédiatement les moyens de vérifier ces informations. Ils doivent se tourner d’abord vers les services de renseignements européens. On en est donc toujours au même point.

Sons de cloche différents

Pour le reste, cette délégation qui a fait le voyage de Washington est l’illustration de la difficulté pour l’Europe de s’exprimer d’une seule voix. Et il est vrai que les points communs sont difficiles à trouver entre un député vert allemand et une conservatrice espagnole.

Alors que le président de la délégation s’exprimait au nom de tous devant les journalistes, certains députés montraient leur désapprobation. Chacun a ensuite repris sa liberté de parole pour accorder des entretiens, au cours desquels le son de cloche a varié, de la nécessaire collaboration avec les Etats-Unis, à la défiance réitérée, à l’égard d’un pays qui espionne ses alliés.


Timothy Kirkhope, coordinateur du commité ECR (Groupe des conservateurs et réformistes européens), après s'être entretenu avec des élus du congrès et le patron de la NSA, s'inquiète de la réaction américaine.

« Je pense que nous faisons une grave erreur si nous pensons que nous venons ici donner une leçon aux américains sur leur manière d’agir. Donc, ne menaçons pas les Etats-Unis avec les autres accords déjà en place ou en cours de négociation. Car si nous faisons cela, je sais comment les Etats-Unis vont réagir, cela ne se passera pas comme l’espèrent ceux qui souhaitent utiliser la menace. Les Etats-Unis ne vont pas se dire : nous nous alignons sur la position européenne. Nous avons vu le conseiller aux renseignements hier soir. Dans mon esprit il a été très clair, il a simplement rejeté les allégations qui circulent. J’espère que mes collègues vont rentrer à Bruxelles et réfléchir à cela avant de proférer de nouvelles accusations ou avant de relayer d’autres allégations. »

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