Avec notre envoyé spécial à Bruxelles, Daniel Vallot
Au sommet européen de Bruxelles, il devait être question d’économie et d’immigration. Au menu finalement : l’espionnage américain en Europe. La chancelière allemande s’est exprimée très fermement dès son arrivée au somme. « Les écoutes entre amis, ça ne se fait pas, a-t-elle déclaré. Je l’avais dit au président américain en juillet, je le lui ai répété hier au téléphone ». Pour la chancelière allemande, cette affaire de surveillance concerne tous les citoyens et il faut donc « rétablir une relation de confiance avec nos alliés américains ».
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Du côté français, pas de déclaration : François Hollande ne s’est pas exprimé à son arrivée, pourtant la France est, elle-aussi, concernée directement par cette affaire d’écoutes téléphoniques. D’autres pays européens le sont également, comme la Belgique, dont le Premier ministre Elio Di Rupo a déclaré : « On ne peut pas accepter de qui que ce soit cet espionnage systématique ». Tous les dirigeants européens qui se sont exprimés à leur arrivée au sommet ont évoqué cette affaire d’espionnage qui va dominer les discussions.
Vers une riposte européenne ?
Face à cette affaire, les Européens cherchent une riposte. Il est beaucoup question de la réforme sur la protection des données numériques. La réforme prévoit des sanctions contre les entreprises sur le net qui accepteraient de livrer les données personnelles de leurs clients. Le projet est bloqué depuis plusieurs mois en raison des réticences britanniques. Cette affaire d’espionnage pourrait donc être l’occasion d’accélérer l’adoption de cette réforme.
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D’autres voix se sont élevées pour réclamer des mesures plus fortes. Le Parlement européen demande à la Commission de suspendre l’accord avec les Etats-Unis sur les transferts des données bancaires. En Allemagne, le SPD, en négociation de coalition gouvernementale avec Angela Merkel, réclame la suspension des négociations commerciales engagées avec Washington. Paris avait déjà demandé ce report début juillet mais n’avait pas été suivi par ses partenaires européens.