L’entreprise canadienne perd 3 à 4 millions de clients tous les mois, et cela, malgré la sortie du BlackBerry 10 en début d'année, le système d'exploitation de dernière génération. Le groupe n'a vendu que 2,7 millions de modèles équipés avec ce système. Si on compare ce chiffre aux 30 millions de Galaxy S4 vendus depuis leur sortie, il y a trois mois, c'est donc un échec. La part de marché du Canadien s'est effondrée, elle aussi. En deux ans, elle est passée de 14 % à un peu moins de 3 %.
BlackBerry, quinze ans après sa création, semble donc hors course. La société canadienne a en effet lancé les premiers appareils dès 1998. Les cols blancs se ruent dessus. En réunion, à table ou dans la rue, pour la première fois, les cadres peuvent lire leurs courriels à tout moment. Dans les couloirs de Wall Street et dans les multinationales, les petits terminaux carrés et sérieux ont même droit à un surnom, les CrackBerry, du nom du crack, comme cette drogue qui rend accro.
Un système de cryptage sécurisé
Pendant les meilleures années, le système fiable et sécurisé fait la réputation de ces smartphones. Une caractéristique qui poussera même l’Arabie saoudite à les bannir. En août 2010, faute de pouvoir accéder aux données cryptées, le pays bloque alors les services de messagerie électronique du smartphone canadien.
La concurrence fait son apparition dès 2007 avec l'iPhone d’Apple, suivi de près par les portables équipés d'Android, le système d'exploitation de Google. Au début, BlackBerry résiste bien. Il se lance sur les marchés des adolescents avec les BB, une gamme de portables, particulièrement prisée pour sa messagerie instantanée.
En 2008, le chiffre d'affaires est en hausse de 98 % et la publicité fonctionne. Au grand dam des services secrets américains, Barack Obama, avoue même, ne pas pouvoir se passer de son BlackBerry.
Le tournant du grand public
Android et iOS, le système d'exploitation d’Apple grattent peu à peu des parts de marché, mais c'est en 2011 que la chute commence réellement. Pour concurrencer l'iPad de Steve Jobs, les Canadiens sortent leur propre tablette, le Playbook. Vendu à seulement 900 000 exemplaires en six mois, c'est un flop. Après une panne mondiale de son serveur qui lui coûtera 50 milliards de dollars, fin 2011, BlackBerry est passé en un an de 19 % du marché des smartphones à 12 %.
BlackBerry fait le choix de se lancer sur le segment des smartphones grand public, mais il rate le virage. Il a privilégié les dépenses en marketing, abandonnant ainsi ce qui faisait son succès de ses utilisateurs traditionnels : l'excellence technologique et les applications professionnelles.
Dans ce secteur extrêmement concurrentiel, la course à l'innovation fait rage et les Canadiens sont à la traîne. Il est difficile de faire face aux applications beaucoup plus nombreuses de Google et d’Apple. BlackBerry a également pris du retard sur les écrans tactiles. Il ne s'y est mis que récemment, alors qu’Apple et les fabricants coréens ou taiwanais en sont déjà aux écrans XXL.
Malgré ces retards, l'entreprise pourrait intéresser les acheteurs. Elle a encore une bonne empreinte auprès des entrepreneurs et elle garde une réputation de qualité technologique. De nombreux acheteurs potentiels veulent se renforcer sur le secteur du mobile, notamment Microsoft, Facebook ou le chinois Lenovo.