Nidal Hasan a pris la parole pendant deux petites minutes. Il a argumenté sur « la laideur de la guerre », tandis que l'accusation a voulu démontrer pendant deux heures que cette fusillade était préméditée.
Son geste avait fait trembler les Etats-Unis. En novembre 2009, sur la base militaire de Fort Hood, au Texas, environ 300 soldats se rassemblent dans une salle aussi grande qu’un gymnase. Ils effectuent les formalités administratives et les tests médicaux avant le grand départ pour l'Afghanistan.
Aucun d’entre eux n’est armé. « L’ambiance était plutôt joyeuse », racontera plus tard un survivant. « La plupart d’entre nous étaient si pressés de partir à l’aventure ». En uniforme, Nidal Hasan rejoint ses camarades. Le psychiatre s’assied derrière un bureau. Puis, d'un coup, il monte sur la table et sort deux pistolets. Il abat 13 soldats et en blesse 32.
Psychiatre à Fort Hood
Pourtant, à l'époque, Nidal Hasan est un citoyen américain sans histoire. D'origine palestinienne, ce quadragénaire présenté aujourd’hui comme un ennemi des Etats-Unis est né dans l’Etat de Virginie. A 18 ans, il intègre l'armée, qui lui paie ses études de médecine et de psychiatrie. Il obtient un doctorat avant d’être affecté à Washington, où il travaille pendant de longues années dans un centre d’aide psychologique pour vétérans d’Irak et d’Afghanistan.
Puis il est muté au Texas, à Fort Hood, toujours en tant que psychiatre. Six mois avant la tuerie, il est déprimé à l'idée de partir en Afghanistan. Pour ce célibataire de confession musulmane, il est hors de question de combattre des musulmans. C’est pour cette raison qu’il tente de démissionner, mais l'armée refuse car elle a besoin de médecins expérimentés comme lui.
Peine de mort
Son entourage dresse le portrait d'un homme tranquille. Cependant, il apparaît aussi comme un homme fragile, très affecté par les récits des soldats revenus d'Irak et d'Afghanistan. Il a toujours refusé de partir au combat. Et son départ programmé pour l'Afghanistan l'a bouleversé. C'est à ce moment-là, a priori, que son coup de folie est parti.
Nidal Hasan a reconnu être l'auteur du massacre. Lors d’une audience préliminaire, en 2010, il a tenté de justifier son geste en expliquant qu’il avait voulu protéger les talibans. En clair, il a essayé de plaider coupable pour éviter la peine de mort. Une stratégie de défense qui n'a pas fonctionné. Il n'y a aucune raison qu'un homme en uniforme tue son collègue, a expliqué le juge chargé de l'affaire.
Pour être condamné à la peine de mort, il faut que tous les jurés votent à l'unanimité en faveur de cette sanction. Le jury doit être composé uniquement par des officiers du même grade ou d'un grade plus élevé que l'accusé. Enfin, sur les 13 jurés dans cette affaire, on compte deux femmes et un Afro-Américain, qui est par ailleurs le président de ce jury.
« Ça va être difficile »
Ce procès tant attendu par un peuple encore sous le choc des attentats de Boston est particulier. En plus de se défendre seul, le prévenu fera face aux survivants. En tant qu'avocat, il sera donc confronté à ses anciens camarades, ce qui est extrêmement rare.
Au total, plus de 250 personnes vont pouvoir témoigner contre lui. Parmi les survivants, certains assurent ne pas le craindre, comme Alonzo Lunsford, un sergent à la retraite. « Jamais je ne montrerai un signe de peur face à lui », a-t-il prévenu avant l’ouverture du procès.
D'autres, en revanche, craignent le face-à-face avec le prévenu. C'est le cas de Shawn Manning, qui travaillait dans la même unité que Nidal Hasan. Quatre ans après la fusillade, il redoute son ancien camarade. « Affronter un gars qui a essayé de vous tuer vous et vos amis, et devoir être cordial et sympathique en même temps... ça va être difficile », a-t-il reconnu.