Avec notre correspondant à Washington, Raphaël Reynes
C’était la première fois que DSK s’exprimait depuis son arrestation. La première fois en anglais, en tout cas, et dans un média américain. On se souvient que l’ancien patron du FMI était resté silencieux durant toute la procédure judiciaire new-yorkaise, réservant sa première interview au 20h de TF1 dès sa libération et son retour en France.
Une procédure judiciaire que DSK a visiblement toujours du mal à accepter. Et notamment, cette fameuse nuit du 14 mai 2011 où il est apparu menotte aux poignets à la sortie du commissariat de Harlem, dans le nord de Manhattan. C’est ce que les Américains appellent le « perp walk », cette présentation du suspect aux caméras de télévision. DSK ne digère pas et il l'a dit dans l’interview diffusée sur CNN.
« C'est une chose terrible, vraiment. Le problème, c'est que c'est un moment où dans la société américaine et européenne, vous êtes supposé innocent, vous êtes supposé innocent jusqu'à ce que vous soyez jugé coupable. On vous montre à tout le monde comme si vous étiez un criminel, à un moment où personne ne sait si c'est vrai ou pas. Vous êtes peut-être un criminel, peut-être pas. La preuve vient après. Ce n'est pas juste de mettre les gens dans cette position devant le reste du monde quand on ne sait pas ce qu'ils ont fait ».
Dominique Strauss-Kahn s’est également exprimé sur le système bancaire européen et sur le manque de leadership au sein de l’Union européenne. Pourquoi DSK a-t-il décidé de parler précisément maintenant ? Ce qui est sûr, c’est que Dominique Strauss-Kahn est réapparu progressivement, ces derniers temps, dans les médias français et maintenant américains.
En mars 2012, il avait donné une conférence à Cambridge, dans la banlieue de Boston où des manifestants l’avaient accueilli. Il y a deux semaines, il était au Sénat français pour une conférence sur l’économie. Il y a, de toute évidence, une envie de revenir sur la scène publique de la part de celui qui aurait pu être candidat à la présidentielle française en 2012.
Peut-être aussi une envie de ne plus se sentir persona non grata aux Etats-Unis. Faire oublier cette image du « perp walk » justement. Mais à ce propos, il faut souligner que les Américains n’accordent que très peu d’importance à cette affaire désormais. Le Sofitel de New York et Nafissatou Diallo sont déjà loin et DSK conserve l’image d’un économiste hors pair. Il est toujours très respecté au FMI qu’il a dirigé de 2007 à 2011.